La Peur du Vide

Chapitre 10 - Menaces

Chapitre 10 - Menaces

Ils firent une entrée remarquée dans le hall d'accueil du Casino.

Marquand exigea de voir l'Adjoint au Directeur. Les quelques clients présents en cette fin de matinée le regardaient, certains avec une mine réprobatrice. Il en fallait plus pour décontenancer le Commandant, qui au contraire appréciait volontiers de bousculer l'ordre établi. D'autant que tous les événements récents l'avaient mis dans une humeur orageuse.

Ils furent vite reçus pas l'Adjoint.

- Bon, on va s'épargner les politesses d'usage. Mon équipe est en train de passer votre établissement au peigne fin, à la recherche de la scène du crime. Vous nous avez balancé un suspect idéal, un peu trop d'ailleurs. Genre l'arbre qui cache la forêt. Je ne sais pas si vous me suivez, hein, mais je pourrais vous faire coffrer pour entrave à la Justice! Ca vous parle?

- Je ne sais pas quoi vous dire de plus!

- Dites-moi déjà s'il avait de la famille, des proches?

- Pas que je sache... C'était un homme discret, célibataire je crois.

- On m'a dit qu'il semblait déstabilisé depuis quelques mois, et notamment depuis le jour où vous êtes venu le chercher pour voir le Directeur.

L'adjoint pâlit et essayait visiblement de masquer son trouble.

- Je ne peux rien vous dire de plus... Je risque ma place. Et j'ai besoin de mon salaire pour faire vivre ma famille.

Marquand explosa :

- Bon sang, mais vous couvrez qui, là?

A ce moment, un lieutenant de la brigade scientifique entra et se dirigea vers Marquand et Noah.

- Commandant Marquand! On a retrouvé les vêtements de la victime dans son vestiaire, ainsi que son costume de croupier, sans la cravate évidemment!

- Eh bien voilà! On se rapproche de la scène du crime à grands pas! C'est le moment ou jamais de parler!

L'adjoint baissa la tête. Marquand commençait sérieusement à perdre patience.

- C'est bon, on le ramène au 36, ça a assez duré. Noah, on le dépose, on le laisse mijoter, et moi je pars faire un tour.

***

Faire un tour, cela signifiait bien entendu aller voir Alice. C'était trop long finalement pour lui d'attendre ce soir. Il avait besoin de se rassurer en constatant par lui-même qu'elle allait mieux.

Il la trouva, calme, les joues bien roses, en compagnie de son père. Jacques profitait que Paul était à l'école pour rester avec sa fille. A l'arrivée du Commandant, il se leva pour prendre congé.

- Bon, je vous laisse, je vais chercher Paul, c'est déjà l'heure de la sortie des classes!

Et il s'éclipsa, enjoué, laissant Alice & Marquand seuls.

Marquand embrassa Alice sur le coin des lèvres puis un silence s'installa entre eux. Alice le rompit :

- Fred, je crois qu'il vaut mieux qu'on parle. - Je ne sais pas. Je ne sais même pas quoi dire ni comment aborder le sujet, je ne suis même pas sûr qu'on parle de la même chose.