Chapitre 58 - Paix à vos âmes

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« Merci »

Ce mot était si bon à entendre, lui qui avait tant douté, lui qui avait eu si peur d'avoir tout perdu.

Car Elle était tout, finalement.

Elle était tout à Elle toute seule.

La bouche d'Alice contre la peau de sa tempe, qu'il ressentait comme une caresse tendre, apaisait enfin toutes les souffrances qu'il avait vécues depuis le moment-même où sa colère l'avait poussé hors du bureau de la Juge, une semaine auparavant.

Il avait fermé les yeux depuis l'instant où elle s'était approchée de lui.

Quelque soit le geste qu'elle entreprendrait, il l'accepterait. Après s'être dévoilé comme jamais il ne l'avait fait de toute sa vie, après avoir nommé ses démons, pour montrer à Alice qu'il les connaissait et qu'il les avait combattus, après être allé jusqu'au bout de lui-même, il s'en remettait à elle pour la décision finale.

Il était épuisé, et même s'il avait en lui suffisamment de force encore, il ne voulait plus lutter, si c'était pour lutter contre elle.

En fermant les yeux, il avait déposé les armes. Il accepterait ce qu'elle ferait, même si cela devait le détruire.

Il était vraiment allé au bout de lui-même, tout au bout.

Et puis Elle s'était approchée et l'avait pris dans ses bras, très doucement. Il y avait de la retenue dans chacun de ses gestes, comme une précaution qu'elle prenait pour ne pas rompre la magie ténue de ce moment. Comme si elle ne voulait pas le brusquer, ni même le faire sursauter, ni même qu'il éprouve ne serait-ce qu'un instant de peur.

Il avait gardé les yeux fermés parce que quoi qu'il advienne, il avait décidé de ne plus lutter.

C'est alors qu'il avait senti le frôlement léger de ses lèvres sur sa tempe, pendant que ses bras l'amenaient doucement contre elle.

Il y avait ce mot magnifique qu'elle avait prononcé, ce mot auquel il ne s'attendait pas :

« Merci ».

Ca lui suffisait ; ce mot avait même plus de valeur que n'importe quelle explication ou phrase qu'elle aurait pu dire.

Ca n'était pas encore un mot qui renvoyait au Pardon, et il ne le demandait pas de toute façon.

C'était un mot de partage.

Et retrouver la grâce d'un instant de partage avec Elle, c'est la seule chose dont il avait besoin.

Alors il garda les yeux fermés très fort, et il chercha simplement à profiter de la peau douce de ses lèvres sur sa tempe. De la chaleur de son corps contre le sien.

Des sensations simples : de la douceur, la tendresse d'un geste, la tiédeur d'une étreinte qu'il sentait pleine d'un amour inconditionnel.

Un amour finalement plus puissant que sa faute.

Ses yeux fermés très fort laissaient échapper quelques larmes de soulagement.

Il respira un peu plus paisiblement, comme si l'étau qui lui broyait la poitrine depuis des jours, venait enfin de se desserrer.

Il entendit vaguement Alice parler d'Anges, mais il ne savait pas très bien s'il était encore dans la réalité.

Elle le serrait fort contre elle, comme si elle avait peur de le perdre à nouveau, alors que pourtant elle savait que jamais il n'avait autant à elle qu'en ces instants.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant