Chapitre 29 - Tombés de haut

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Alice était partagée entre colère, tristesse et déception.

La colère contre Marquand et ses réactions sanguines, excessives, à fleur de peau.

La tristesse et la déception, de ne pas avoir pu ne serait-ce qu'échanger un mot avec lui sur son après-midi, sur ce qu'elle avait vécu, sur ce qu'elle avait choisi.

La colère contre elle-même d'avoir pu penser que son mensonge par omission ne porterait pas à conséquence.

La tristesse et la déception de s'apercevoir qu'Il ne la laissait pas être seule pour interroger son désir d'enfant au plus profond d'elle-même, parce qu'Il était incapable de se raisonner face à ce désir-là.

Colère, tristesse.

Des mots qu'elle ne pouvait même pas lui exprimer :

Ses appels tombaient directement sur la messagerie de Marquand.

Son téléphone s'était transformé en forteresse impénétrable, en même temps que lui.

Elle avait pourtant besoin de Lui.

Elle avait besoin de partager avec Lui sa décision.

Elle aurait aimé qu'Il la regarde, les yeux embués, et la serre dans ses bras, partageant avec elle l'émotion que ce Projet faisait naître en eux.

Elle aurait aimé qu'il lui dise que FIV ou pas FIV, ça ne changeait rien pour lui, qu'il la désirerait sans répit, qu'il l'aimait en tant que femme en même temps qu'il aimait l'idée qu'elle porte peut-être son enfant.

Elle aurait aimé s'abandonner dans ses bras pour qu'Il la rassure sur leur avenir, sur leur amour.

Elle aurait aimé qu'il lui fasse l'amour et elle n'aurait même pas ressenti la peur du vide, parce qu'il aurait trouvé les mots pour rompre cette malédiction.

Elle aurait aimé.

Mais Il n'était pas là.

***

A grandes enjambées rageuses, Il marchait furieux pour rejoindre le 36.

C'était ça, ce matin, qu'il avait ressenti en quittant tôt « leur » appartement.

Non pas qu'il avait oublié quelque chose, comme il le pensait au départ.

Non, il avait senti qu'il partait pour longtemps.

Peut-être qu'un coin de sa mémoire avait enregistré cette date du 05 mars inconsciemment ; peut-être n'avait-il jamais eu connaissance de ce rendez-vous ; il ne savait pas vraiment.

Il était hors de lui.

Alice l'avait tenu à l'écart et son attitude lui était insupportable. Il l'aimait, il l'aimait plus que tout, c'est pourquoi sa fureur et sa déception étaient d'autant plus grandes.

Son esprit ne parvenait pas à rationnaliser, à relativiser, à faire la part des choses.

Dans sa tête, il y avait une sorte de magma compact duquel aucune pensée cohérente ou construite ne pouvait s'extraire.

Juste de la fureur et de la déception à l'état brut.

***

Noah ne savait pas tellement que faire de cette jeune-fille qui déambulait, instable, dans le bureau qu'il partageait avec le Commandant. Elle prétendait être sa fille, mais il n'en avait nullement entendu parler auparavant. Même si cela paraissait plausible au vu du comportement de la demoiselle : à grands pas elle arpentait la pièce en maugréant avec un vocabulaire au franc-parler plutôt édifiant.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant