1. LIENS (Partie IX)

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J'ignorais encore comment j'avais pu me laisser entraîner dans une combine pareille. Il n'y avait qu'Alice pour réussir à me berner de la sorte. En même temps, c'était trop facile, elle connaissait chacune de mes décisions à l'avance. Elle avait utilisé le chantage affectif et m'avait sorti sa moue la plus déchirante, à laquelle même le cœur le plus endurci n'aurait su résister.

- Je t'en prie, Bella, accompagne-moi ! Renesmée n'a plus rien à se mettre...

Hum... Doux euphémisme pour désigner une garde-robe digne de ce nom. Nous filions donc à toute allure en direction du centre commercial de Port Angeles. Je ne pus m'empêcher de penser à cette étrange soirée qui, certes, avait mal commencé – on avait quand même tenté de m'agresser – mais qui s'était terminée en "beauté", pour ainsi dire. Un dîner en tête-à-tête au restaurant La Bella Italia où Edward et moi nous étions laissés aller à certaines confidences.

Je sortis de ma rêverie au moment où nous entrions sur le parking à moitié vide. Nous abandonnâmes la Volvo sous un ciel menaçant. Quelques gouttes de pluie commençaient déjà à tomber lorsque nous nous engouffrâmes dans le magasin.

Tous les regards se rivèrent sur nous, mais je n'y prêtais plus attention. Je m'étais progressivement habituée à la curiosité que nous suscitions – curiosité dont j'avais autrefois fait preuve à l'égard de ma nouvelle famille.

Alice semblait connaître la galerie marchande comme sa poche. Elle m'entraîna vivement dans un magasin pour enfants dont la vitrine était couverte d'autocollants fluo en tous genres, le plus récurrent restant "soldes". En résumé, le coin des bonnes affaires...

Je m'étonnais qu'Alice s'attarde sur ce genre de détails insignifiants, l'argent n'étant pas une préoccupation pour elle. Mais je compris pourquoi elle agissait de la sorte - elle connaissait mon aversion pour les dépenses inutiles. Et au vu des prix exorbitants, il était heureux qu'ils soient soldés. Je me demandai tout à coup si ce n'était pas Alice qui avait organisé ces soldes improvisées - je savais qu'elle en aurait été capable.

Je me surpris à apprécier ce moment "shopping" que je redoutais tant. Alice avait un redoutable pouvoir de persuasion que venait compléter son extra-lucidité. Nous gagnâmes donc un temps précieux et un quart d'heure plus tard, nous ressortîmes avec des sacs plein les bras.

Elle m'attira ensuite dans une boutique de vêtements légers, mais pour adultes cette fois. Je flairai le piège. C'était donc là la véritable raison de cette sortie improvisée. Alice m'abandonna sur place et m'ordonna de ne pas bouger. Moins d'une minute plus tard, elle revint avec une petite robe bleu saphir qui me plut sur l'instant.

Je songeai soudain à Jasper qui lui, subissait ses fantaisies au quotidien. Il ne s'en plaignait pourtant jamais. Il avait trouvé son âme sœur comme j'avais trouvé la mienne. Nous nous attardâmes encore quelques minutes avant de prendre le chemin vers la sortie.

Sans grande surprise, il tombait des cordes lorsque nous regagnâmes la voiture. Une fois de plus, la vision d'Alice s'était révélée exacte. J'eus à peine le temps de mettre le contact qu'elle se lança dans une description détaillée du moindre de nos achats. Elle souligna le fait qu'elle avait marqué un point en parvenant à me faire acheter - et apprécier - une tenue élégante.

Elle afficha un sourire triomphant tandis que ses petits yeux malicieux guettaient ma réaction. Je ne bronchai pas, impassible. Pas question de m'engager sur ce terrain glissant ! Je choisis de lui parler de l'agencement de la garde-robe de Nessie afin de l'éloigner du sujet. Je lui proposai de me séparer des habits qui lui étaient devenus trop petits et elle s'offusqua à la seule idée de jeter toutes les traces de cette enfance si particulière.

Elle ajouta, comme pour me convaincre, que Rosalie ne me le pardonnerait jamais. Je n'insistai donc pas - je n'aurais pas voulu froisser celle à qui je devais tant. J'étais parvenue à me faire accepter de Rose et je ne voulais surtout pas risquer de compromettre notre relation. Elle possédait une grande force de caractère – qui, je devais bien le reconnaître, m'avait été d'un grand secours – mais que seul Emmett pouvait temporiser. Emmett, sa force tranquille.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant