-De larges cernes ceignaient ses yeux éteints. Son visage était empreint d'une tristesse indicible, dont la vigueur me transperça.
- Jacob, répétai-je.
Dans un effort presque surhumain, il entrouvrit la bouche et les mots qu'il lâcha ne furent qu'un murmure.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je viens te chercher, rétorquai-je avec fermeté.
- Non, déclina-t-il en détournant la tête.
Son refus d'obtempérer ouvrit les vannes de ce que je tentais désespérément de retenir depuis tout ce temps. Il me rejetait en pleine figure mon éternelle impuissance.
- À quoi ça te sert de rester ici, Jacob ? Qu'est-ce que tu essaies de faire ? À part... te faire souffrir davantage !
Mon emportement le fit réagir au-delà de mes espérances. Il tourna violemment la tête dans ma direction avant de se relever avec précipitation. Il se planta devant moi et me fixa d'un regard venimeux.
- Tu es mal placée pour me faire la morale, cracha-t-il d'une voix soudain plus dure.
- Jake, je suis désolée, tentai-je de me rattraper en réalisant la méchanceté de mes propos.
- Et toi, qu'est-ce que tu essaies de faire en te comportant comme si tu étais la seule coupable dans tout ça ?
- Ce n'est pas vrai ! réfutai-je immédiatement.
- Te voiler la face, c'est ce que tu fais de mieux, enchaîna-t-il. Toi, tu ne pouvais rien faire pour empêcher ça. Moi, j'étais là, j'ai tout vu.
- Ça ne change rien ! Ce n'est pas comme si je ne savais pas que tu as fait tout ce que tu as pu.
- Tu as raison, ça ne change rien. Mais il y a des jours où je préférais mourir plutôt que de vivre avec ça.
- Ne dis pas ça, me brisai-je.
J'enfouis mon visage dans mes mains, incapable de poursuivre. Coupé dans son élan, Jacob ne trouva rien à répondre. Je l'entendis approcher mais ne relevai pas la tête pour autant. Il s'accroupit devant moi et posa ses mains sur mes genoux.
- Je m'excuse, lâcha-t-il, désemparé devant ma réaction.
- Par pitié, ne fais pas ça, soupirai-je. Tout est de ma faute. Ça fait trois semaines que je t'ai perdu et regarde le résultat. Je ne suis même pas fichue de te convaincre de repartir avec moi.
- Ça n'a rien à voir avec toi, Bella, me coupa-t-il.
- C'est tellement plus douloureux pour toi de rester ici, plutôt que d'être auprès d'elle, à la villa, déplorai-je.
- C'est tout ce que je mérite. Mais je ne fais pas ça pour ça, rassure-toi, me détrompa-t-il en voyant mon expression bouleversée. Je souffre déjà suffisamment comme ça.
- Alors pourquoi ? insistai-je.
- J'en ai besoin. Ici, je suis près d'elle.
- À la villa aussi, contrai-je. Peut-être même plus qu'ici.
- Ce n'est pas pareil. C'est le dernier endroit où je l'ai vue. J'étais avec elle. Il y a des moments où, quand je ferme les yeux... je pourrais presque la sentir près de moi, finit-il par avouer.
VOUS LISEZ
TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)
Fanfiction"Je me demandais combien de sillons le chagrin creuserait encore dans ma poitrine. Combien de temps encore allais-je devoir me débattre avec ma peine ? [...] Je me mis à sangloter en silence, le cœur douloureux. C'était inutile, je ne m'en sortirais...