TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

5. RENESMÉE (Partie X)

D'une manière inattendue, les propos du médecin me rassurèrent. L'atmosphère se détendit mais je ne pris pas la peine de m'interroger sur la soudaineté de cet apaisement - j'en connaissais déjà l'instigateur.

Ce répit fut pourtant de courte durée. En effet, j'eus une pensée soudaine pour Billy qui, pour le moment, était bien loin de ces préoccupations. Et j'imaginais déjà son regard humide et sa bouche tremblante lorsqu'il apprendrait la terrible nouvelle. Je me décidai alors à lui téléphoner quand Carlisle me proposa de s'en occuper. Je le remerciai mais déclinai toutefois son offre - je désirai le faire moi-même.

Me saisissant du téléphone, je choisis de quitter le salon où le reste de la famille me dévisageait gravement. Je composai ensuite le numéro familier et attendis que Billy daigne me répondre. Impatiente, je fis jouer mes doigts sur le plan de travail de la cuisine dans laquelle je m'étais réfugiée. J'aurais en effet eu plus de mal à me concentrer si j'avais dû occulter tous les regards rivés sur moi en même temps.

Cette façon qu'ils avaient de me scruter me rendait nerveuse. Une petite voix intérieure me disait qu'ils ne guettaient pas seulement la réaction de Billy mais autre chose, plus grave encore. J'étais persuadée qu'ils s'inquiétaient du retour de la Bella déconnectée du monde réel, de celle qui préférait s'emmurer dans son silence plutôt que de laisser paraître son chagrin.

Inutilement, car j'étais loin de vouloir me morfondre à nouveau, seule, loin de ceux que j'aimais. Je ne répèterais plus la même erreur. J'avais déjà pu constater les effets désastreux que pouvait engendrer ce genre d'attitude auprès de ceux qui m'entouraient. Cela m'avait conduite à m'éloigner de ma famille, à gâcher de précieux instants passés en leur compagnie. Et je regrettais désormais de ne pas avoir été là pour eux, d'avoir refusé leur aide aussi longtemps.

Aujourd'hui, mon frère - car Jacob serait toujours bien plus que mon meilleur ami - allait peut-être finir cloué au fond d'un fauteuil pour le restant de sa vie et Renesmée n'était plus là. Et cet état de fait était d'autant pire que j'en étais la seule responsable.

En fuyant Renesmée comme je l'avais fait, je l'avais cruellement blessée et j'avais contraint Jake à la distraire en l'éloignant de la villa, tout cela parce que j'étais incapable de gérer une situation correctement sans tout gâcher. Je les avais involontairement poussés dans les bras de ces assassins.

J'étais une mauvaise personne, quoi que l'on puisse en dire. Je ne pouvais évidemment pas partager le sentiment de culpabilité qui m'étreignait à chaque instant avec Edward, certaine qu'il essaierait de réfuter la moindre accusation que je me jetterais à la tête.

Je ne comprenais que trop bien l'agacement qui agitait Rosalie lorsque toute la famille déployait des trésors d'imagination pour me ménager en toute circonstance. J'avais l'impression que ma fragilité était une excuse trop facile, j'avais besoin d'être bousculée. Je pouvais heureusement compter sur Rose pour le faire. La connaissant, elle ne me laisserait certainement plus replonger dans l'apathie derrière laquelle je m'abritais.