Le croissant de lune semblait suspendu dans le ciel et inondait la pelouse de sa lumière blanche et diffuse. Une bourrasque de vent souffla dans les arbres et ébouriffa mes cheveux. Je restai ainsi appuyée sur le rebord de la fenêtre quelques minutes, profitant du calme qui régnait. Je me redressai finalement - il fallait que je prévienne Edward que j'avais décidé de passer la nuit ici.
Le pauvre avait dû guetter mon retour tout au long de la journée, mais son attente avait été déçue. Mon père dormait à poings fermés et j'entendais ses légers ronflements au travers de la cloison. J'avais accepté sa proposition avec soulagement ; cela me permettrait de rester un peu seule et de pouvoir garder un œil sur lui.
Lui au moins pouvait dormir, s'échapper pendant quelques heures. Je saisis mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et composai le numéro pré-enregistré. Une seule tonalité retentit.
- Bella ? interrogea la voix anxieuse de mon mari.
- Oui, Edward.
- Où es-tu ? s'enquit-il.
- Je suis toujours chez mon père, soufflai-je. Ne t'inquiète pas.
- Bella... Tu ne me parles pas, tu fuis toute la journée...
- Ça fait beaucoup, avouai-je. Pardonne-moi mais...
- Je n'ai rien à te pardonner. Tu nous manques, c'est tout.
Une nouvelle bourrasque de vent s'engouffra dans la chambre. Je frissonnai.
- Comment va la petite ? me risquai-je.
Je savais qu'en posant cette question, je tendais le bâton pour me faire battre.
- Elle te réclame, Bella. Elle ne comprend pas très bien ta réaction. Elle a beaucoup pleuré aujourd'hui.
- Quoi ? m'exclamai-je en refermant la fenêtre.
- Elle pense que tu la fuies, que tu n'es plus heureuse avec nous, expliqua-t-il et j'eus la désagréable impression qu'il partageait cette idée absurde.
- Edward, tu sais que je vous aime. La question n'est pas là ! Explique-lui que ça n'a rien à voir avec elle.
- J'ai déjà essayé mais... ce n'est encore qu'une enfant. Jacob tente de la distraire comme il peut, mais, lui aussi est triste de ton absence. Et... il n'est pas le seul...
J'avais estimé que me tenir loin des miens, leur épargner la souffrance qui me tordait violemment, leur permettrait de vivre la chose plus facilement. En fin de compte, je n'avais fait que compliquer la situation. Pourtant, j'avais besoin de cette solitude pour gérer au mieux ma peine - même si le résultat était médiocre.
- Accorde-moi encore cette nuit, repris-je. Je sens que demain, ça ira mieux.
- Tu te mens à toi-même, mon amour. Nous pourrions t'aider si tu nous en laissais l'occasion...
- C'est faux ! m'emportai-je.
Réalisant tout à coup que j'avais presque crié ces mots, j'éteignis la lumière, m'assis dans le rocking-chair et enfouis le téléphone sous mes jambes.
- Une minute, Edward.
J'avais chuchoté, consciente qu'il entendrait mes paroles sans aucune difficulté. Un rai de lumière filtra sous ma porte et j'entendis les pieds de mon père qui traînaient sur le parquet. Il frappa trois coups. Le temps d'un battement de paupières, je démolis le lit - à l'instar d'un humain qui aurait dormi d'un sommeil agité - et regagnai ma place.
- Entre, papa.
- Tout va bien, Bella ? demanda Charlie d'une voix ensommeillée en passant la tête dans l'entrebâillement.
- Oui, ne t'en fais pas, le rassurai-je.
Mon père balaya la pièce du regard, comme pour y déceler un quelconque danger, puis jeta un coup d'œil horrifié vers le lit saccagé.
- Un cauchemar ? articula-t-il.
- Ce n'est rien, je t'assure. Rien du tout.
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TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)
Fanfiction"Je me demandais combien de sillons le chagrin creuserait encore dans ma poitrine. Combien de temps encore allais-je devoir me débattre avec ma peine ? [...] Je me mis à sangloter en silence, le cœur douloureux. C'était inutile, je ne m'en sortirais...