7. SOUTIEN (Partie XI)

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Je déglutis bruyamment.

- Je croyais que Billy te l'avait dit, mentis-je en jouant les innocentes. Il a fallu emmener Jake à la maison pour lui faciliter les choses.

- Je ne comprends pas, protesta Charlie, perplexe. L'hôpital est l'endroit le plus indiqué dans son cas... et c'est plus près, il me semble.

- Papa, hésitai-je, toi comme moi savons que...

Je laissai à mon père un répit supplémentaire pour comprendre ce que j'essayais de lui dire.

- Ah, bégaya-t-il, ça pose un problème... parce que... c'est un... une sorte de...

Une fois encore, la sonnerie nous évita à l'un comme à l'autre de franchir le pas. Je versai rapidement le contenu de la boîte dans l'assiette et m'emparai d'un couteau et d'une fourchette. Je posai le couvert et l'assiette devant lui.

- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit-il en découvrant ce qui accompagnait la viande.

- Je ne me souviens pas du nom, avouai-je, soulagée par l'arrivée de cette diversion. J'ai vu ça un jour dans l'un des vieux livres de cuisine de maman.

Nos regards se croisèrent un instant, mais je détournai bien vite le mien.

- Ce n'est pas bien difficile à faire, poursuivis-je en fixant mes ongles impeccables. Du maïs, des poivrons, de la crème fraîche... rien que de très inoffensif. Dis-moi ce que tu en penses, l'invitai-je d'un geste de la main.

Il s'exécuta rapidement, tentant de vaincre ses réticences. Après une minute de silence, son visage s'éclaira.

- C'est excellent, Bella ! s'exclama-t-il. Tu t'es surpassée.

- Merci, marmottai-je.

- De rien. C'est la stricte vérité.

Nous ne dîmes plus rien pendant un certain temps. Mon père dévorait littéralement son assiette, ce qui faisait plaisir à voir. J'en déduisis qu'il était réellement conquis et que sa remarque n'était pas une parole en l'air. Tant mieux ! Je me serais sentie cruche de lui avoir servi quelque chose de raté.

- Alors, comment ça se passe au boulot ? m'enquis-je, cherchant à paraître détendue.

- Bien, déclara-t-il. On n'a pas croisé une seule bête sauvage pendant la battue. Mais on continue à veiller.

- Papa, il y a quelque chose que je dois te demander...

- Oui ?

- Eh bien... si... si tu croisais un loup, tu ne lui tirerais pas dessus, hein ?

Mon père pâlit.

- Non, bredouilla-t-il. J'ai déjà songé à cette éventualité, je... De toute manière, je ne leur cours pas après... Je veux dire... Je sais que...

Il hésita plus longuement.

- Je ne crois pas qu'il s'en prendrait à quelqu'un.

- Bien sûr que non ! me révoltai-je.

- Je sais, je sais, marmonna-t-il. De toute façon, vu ce qui est arrivé à Jacob, ça doit être autre chose.

- À ce propos, l'interrompis-je, tu as retrouvé...

Je ne parvins pas à terminer ma phrase.

- Non, s'assombrit-il, toujours pas. Ils se sont quand même drôlement écartés des sentiers.

J'avais la boule au ventre. Où les garçons avaient-ils bien pu cacher les corps ? Les humains parviendraient-ils à les retrouver avant qu'ils ne redeviennent poussière ? J'en eus la nausée.

- Ça va ? s'inquiéta Charlie en constatant mon trouble que je n'étais pas parvenue à dissimuler.

- Oui, mentis-je.

- Je ne te crois pas.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? tremblai-je.

- La vérité. Est-ce que tu vas mieux ? Depuis... ta mère... tout ça.

- Je... je ne sais pas quoi te dire.

Je ne pouvais pas lui avouer qu'un problème de taille avait balayé tous mes efforts.

- Je m'en remets. Tout doucement.

- Il y a autre chose ? s'entêta-t-il.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu ne tiens pas la forme, me fit-il remarquer. Tu ne te rends pas compte à quel point tu as l'air... triste.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant