11. FUITE (Partie IX)

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La vendeuse ne me lâcha pas d'une semelle, l'air hargneuse.

- Vous savez, ce sont les conseils d'une professionnelle que je vous donne, fit-elle en jaugeant ma tenue d'un air méprisant. Les gens qui les écoutent en ressortent bien souvent très satisfaits.

Ce n'était quand même pas de ma faute si je n'étais pas l'un de ses pigeons habituels qui se laissaient avoir et dépensaient des milles et des cents sur ses simples conseils de « professionnelle ». Et puis, elle ne s'était pas regardée dans un miroir.

- C'est très bien tout ça, mais je n'en ai absolument pas besoin, répondis-je en attrapant une paire de gants noirs plutôt longs et une écharpe de la même couleur.

Je me dirigeai vers le comptoir où la vendeuse reprit immédiatement son poste. Elle m'annonça le prix et je dus la dissuader de me les fourrer dans un sac plastique. J'allais les mettre immédiatement, je n'avais pas besoin de m'encombrer inutilement.

Le temps qu'elle vérifie poliment si le montant que je venais de lui fournir était exact, j'enfilai le trench, les gants et nouai l'écharpe autour de mon cou avant de jeter un regard discret en direction du miroir, à l'autre bout du petit magasin. J'étais presque certaine qu'Alice aurait été fière de moi si elle avait pu constater, une fois n'est pas coutume, l'élégance de ma nouvelle tenue.

Lorsque je sortis du magasin, je sentis le regard de la vendeuse braqué dans mon dos et je l'entendis s'adresser au bon Dieu sur un ton chargé de jalousie. Une dernière chose m'ennuyait tout de même, c'était de n'avoir rien trouvé qui puisse dissimuler mon visage des rayons du soleil.

Je n'avais pas le temps de m'attarder plus longtemps dans les commerces à la recherche de mon bonheur mais je ne pouvais tout bonnement pas prendre le risque de sortir comme ça. J'examinai attentivement le décor et dénichai enfin l'occasion que j'attendais. Cela allait devenir une manie si je continuais comme ça, mais je n'avais pas le temps d'avoir d'état d'âme.

J'aurais tout le loisir d'y réfléchir après, lorsque j'aurais la confirmation que ce que j'allais entreprendre n'aurait servi à rien. Une femme venait de s'asseoir sur un siège, avec son bébé sur les genoux, attendant visiblement son prochain vol. Elle avait posé son sac sur le siège d'à côté et avait ôté son chapeau – un simple chapeau blanc dont une lanière de cuir tressée ceignait le pourtour – qu'elle avait posé par-dessus.

Lorsque son bébé se trémoussa pour s'essayer à faire quelques pas, la jeune mère s'attendrit et le posa sur le sol en lui tenant les bras pour qu'il ne tombe pas, me tournant ainsi le dos. Je m'assis discrètement à côté du siège où se trouvait le sac et m'en emparai tout aussi finement, en regardant autour de moi si personne ne s'était rendu compte de mon manège. En même temps, ça n'aurait pas dû être aussi facile.

Je poussai le couvre-chef à l'écart pour découvrir que le sac était grand ouvert, dévoilant son contenu aux yeux de tous. N'en croyant pas ma chance, j'aperçus une paire de lunettes de soleil et m'en emparai vivement.

J'attrapai le chapeau et le pressai contre moi en me levant délicatement pour ne pas attirer l'attention de la jeune mère. Ce ne fut que lorsque je fus à une distance raisonnable et par conséquent, hors de sa vue, que je le mis sur ma tête et me dirigeai vers la sortie.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant