TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

11. FUITE (Partie XII)

Je débouchai finalement sur la place. Quelques badauds flânaient sous le soleil radieux. Quasiment vide, la place m'apparut différente. Moins grande que je ne me l'étais imaginée. La foule m'avait pourtant paru si dense et si vaste lorsque j'avais dû m'y frayer un chemin, certaine que j'arriverais trop tard.

Aujourd'hui, seul le grand bâtiment carré restait impressionnant et là encore, j'avais gardé de l'horloge qui le surplombait une mémoire des détails saisissante. Je l'avais tant regardée, je m'étais tellement accrochée à elle. Elle avait été la lumière qui m'avait guidée dans la nuit noire.

Toujours indécise sur la manière dont je comptais m'y prendre avec les Volturi, je m'assis quelques instants sur le rebord de la fontaine. Les éclaboussures d'eau fraîche sur ma peau étaient agréables. Je restai assise plusieurs minutes avant de me relever. J'en avais assez de rester là, impuissante. Je verrai bien sur le moment.

Je ne réfléchis pas longtemps à la manière dont j'allais entrer. Cela me parut tout naturel. Je n'allais évidemment pas emprunter les égouts, aussi, je m'engouffrai dans la ruelle qui me mena droit à l'entrée principale du château médiéval.

Je me souvenais parfaitement du récit d'Edward et de la manière dont il avait pénétré dans ce sanctuaire. Je m'introduisis donc dans le hall luxueux où un homme se tenait derrière un comptoir. Il portait une tenue chic et une paire de lunettes encadrait son visage anguleux.

J'aperçus deux caméras de surveillance habilement dissimulées dans le décor - je ne les avais pas remarquées la dernière fois que j'y étais venue - mais qui, aux yeux d'un vampire, étaient immanquables. L'homme me dévisagea quelques instants et j'ôtai mes lunettes de soleil. Il eut un petit mouvement de recul en distinguant mon regard sombre. J'entendis les battements de son cœur s'accélérer et ma gorge me chatouilla.

- Buon jurno, fit-il très poliment.

- Bonjour. Je viens voir Aro, annonçai-je en levant la tête vers l'une des caméras.

L'homme parut surpris par ma demande directe. Si je n'avais pas été certaine qu'il eut été au courant de l'occupation de ces lieux par les Volturi, j'aurais pu croire qu'il ignorait ce dont je voulais parler.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il avec un accent traînant.

Je scrutai l'espace d'une seconde le touriste qui se tenait sur le côté.

- Je m'appelle Isabella Cullen. Dites-lui que je suis là, s'il vous plaît.

- Un instant, je vous prie, me fit patienter l'homme en se retirant.

Je me débarrassai de mon chapeau sur une table basse et pris place dans l'un des canapés. J'aurais sincèrement préféré attendre dehors, à l'air libre, plutôt que de devoir trépigner sur mon siège, agacée par la musique de fond.

L'attente ne dura pas plus de cinq minutes, mais ce furent les plus longues de tout ce voyage. Il ne leur fallait quand même pas tant de temps pour prendre leur décision ! Aro oserait-il me refuser cette entrevue ?

- Le maître va vous recevoir, m'annonça l'homme qui venait de surgir de l'ascenseur.