Mais si j'avais bel et bien mis le doigt sur l'endroit où il se terrait depuis tout ce temps, à se morfondre seul dans son chagrin, même Edward ne pourrait m'en vouloir d'avoir dérogé à mon serment. De toute manière, même si je m'étais trompée, j'étais presque certaine qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur. Parce qu'au moins, j'aurais essayé.
En bondissant sur mes pieds, je laissai une note dans la cuisine indiquant que je m'absenterais l'espace d'une heure ou deux – j'étais prête à l'attendre un peu si Jake ne se montrait pas tout de suite.
Edward ne chasserait plus très longtemps et j'imaginai déjà sa réaction lorsqu'il ne verrait rien d'autre en rentrant que le petit mot que je lui avais laissé. Mais il ne valait mieux pas y penser pour l'instant.
Je m'élançai vivement dans la forêt, sous l'averse qui s'était mise à tomber. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais la désagréable sensation d'être ramenée au jour où la petite avait disparu. Mais cette fois au moins, je savais ce qui m'attendait. Enfin, je l'espérais.
J'avais enfilé la veste grise d'Alice avant de sortir et ne le regrettais pas - même si je doutais que sa propriétaire soit très heureuse en découvrant l'état pitoyable dans lequel elle n'allait pas tarder à se trouver.
Je ne mis pas bien longtemps à atteindre le lieu de l'enlèvement. Je m'arrêtai une bonne centaine de mètres avant et me concentrai pour percevoir sa respiration. Comme si rien ne nous avait jamais séparé, je me réimprégnai de la mélodie familière des battements de son cœur.
Cette musique était douce, trop douce, car je ne doutais pas que Jacob avait déjà deviné ma présence. Il ne tourna pas même la tête lorsque j'émergeai en silence de derrière les arbres. En haussant les sourcils, je le contemplai fixement.
J'avais presque du mal à reconnaître celui qui nous avait quittés seulement quelques semaines plus tôt. Je n'étais pas sans remarquer qu'il avait légèrement maigri, même s'il paraissait difficile d'en juger vu la position dans laquelle il se tenait.
Les épaules voûtées, il avait nonchalamment posé ses bras sur ses genoux relevés. Ses pieds étaient si profondément ancrés dans la boue que je me demandai depuis combien de temps il n'avait pas bougé. Son tee-shirt sale gisait en boule un peu plus loin. Son bermuda noir était détrempé mais n'en gardait pas moins les traces de son séjour prolongé dans la forêt. Quant à ses cheveux en bataille, ils étaient ruisselants.
Hésitante, je franchis les derniers mètres qui me séparaient encore de lui et m'assis à ses côtés. Rien dans son attitude ne pouvait laisser deviner qu'il avait remarqué ma présence.
Ne sachant trop que faire, je passai un bras autour de ses épaules. Mon geste eut au moins le mérite de le faire réagir - j'eus l'impression qu'il reprenait pied dans la réalité. Il releva doucement la tête et planta son regard vide dans le mien.
- Jacob... murmurai-je en le détaillant.
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TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)
Fiksi Penggemar"Je me demandais combien de sillons le chagrin creuserait encore dans ma poitrine. Combien de temps encore allais-je devoir me débattre avec ma peine ? [...] Je me mis à sangloter en silence, le cœur douloureux. C'était inutile, je ne m'en sortirais...