TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

9. POINT DE NON-RETOUR (Partie VI)

- Hum... Le miracle continue apparemment, murmurai-je en entrant dans le salon le lendemain matin.

- Rien n'est encore joué, chuchota Edward, qui ne pouvait s'empêcher de rester sceptique sur le brusque changement d'attitude de Rosalie.

Effectivement, ma belle-sœur et mon meilleur ami étaient de nouveau réunis dans le salon, sans qu'aucune tension ne soit palpable dans l'atmosphère. Je n'avais pas besoin du don de Jasper pour me rendre compte que les seules émotions qui régnaient dans la pièce en ce moment relevaient du simple agacement et de la plus parfaite indifférence.

Du moment que Rose se tenait tranquille, Jake ne semblait plus vouloir se disputer avec elle. J'imaginais le répit que cela devait représenter pour lui. Il gardait son regard rivé sur l'écran de télévision, même s'il semblait peu intéressé par le reportage diffusé.

Je compris vaguement qu'il s'agissait d'une mise à mort entre lions au beau milieu de la savane. Emmett ne paraissait pas plus attentif que lui mais devait néanmoins l'être un minimum, vu qu'il parvenait à faire une ou deux remarques, de temps à autre.

- On dit que les animaux ont un grand instinct de survie, commenta-t-il au bout d'un moment, mais je n'en ai encore jamais vu un - et il désigna les fauves en train de se battre - reculer face à une attaque. Ils ne fuient jamais.

- Ils appréhendent le danger à leur manière, répliqua sa compagne, visiblement peu captivée par le sujet. Au moins, ils restent pour se battre, eux...

Jake bondit sur ses pieds et poussa un grondement rageur. Surprise, je le fixai d'un air interrogateur. Rosalie avait prononcé ces mots sur un ton tellement détaché qu'il semblait absurde d'y voir une quelconque critique. Elle avait répondu cela uniquement pour soutenir un tant soit peu la conversation et ne pas laisser la remarque d'Emmett tomber à plat.

Tous les autres étaient également surpris. Aucun d'entre nous n'avait songé à mal lorsqu'elle s'était exprimée, ce qui n'aurait pourtant pas manqué d'arriver si elle avait réellement eu l'intention de le blesser en disant cela.

Ce genre de chose se sentait ; nous nous connaissions tous si bien. Mais Jake semblait à bout. Il se souciait comme d'une guigne de connaître les intentions de Rosalie. Les mots de cette dernière l'avaient blessé et elle l'avait suffisamment persécuté ces derniers temps pour qu'il se sente visé.

- Arrête ça ! cracha mon ami en commençant à trembler de rage.

- Mais... je n'ai rien dit, bégaya-t-elle. Je te jure.

- Ne mens pas ! hurla-t-il. Depuis deux semaines, tu n'as de cesse de me reprocher la disparition de Renesmée. Je sais que je l'ai mérité et je l'accepterais encore mieux si cela venait d'une autre personne que toi. Mais ce qui me rend malade, c'est que tu ne te soucies que de toi. Tant qu'elle était là, ton petit bonheur égoïste était satisfait et tu pouvais tranquillement jouer avec elle à la mère que tu n'as jamais pu être. Tu te préoccupes uniquement de ta peine, pas de celle des autres. Tu veux retrouver la petite pour toi, pas pour eux ! renchérit-il en nous désignant Edward et moi du menton.

- Jacob, arrête ! intervins-je en me rapprochant de lui.

Il se laissait dangereusement aller dans ses propos. Tout le monde avait conscience qu'il n'y avait pas un mot de vrai dans ce qu'il venait de dire. Jacob pensait-il vraiment tout cela ou se laissait-il simplement guider par sa colère ?

- C'est faux, balbutia ma belle-sœur en se levant à son tour.

- Si tu avais un tant soit peu de considération à l'égard des sentiments des autres, et surtout à l'égard de ceux de Renesmée, tu ne m'aurais pas laissé là-bas en plan comme tu l'as fait. Mais il n'y a rien à faire, tu ne m'acceptes pas, tu es persuadée dans ton petit cerveau de blonde étriquée que je veux te voler son amour pour toi.