TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

8. FEU DE CAMP (Partie VII)

- Nous sommes sur le mont Stuart. Ta curiosité est satisfaite ?

Sans attendre ma réponse, il s'engagea sur le chemin rocailleux. Je lui emboîtai le pas et nous marchâmes ainsi dans la nuit un bon moment. Quelques trouées apparaissaient ici et là au milieu du rideau d'arbres sur ma gauche, dévoilant progressivement la paroi de la montagne. Les pierres crissaient sous nos pas et je m'arrêtai net en constatant qu'Edward s'était immobilisé.

Il se tenait au bord de la falaise, là où la piste avait disparu. Je lui lançai un regard dubitatif lorsqu'il m'attrapa par la main. Il me fit alors pivoter vers la paroi et je vis ce que l'angle de la roche m'avait caché. Un tracé serpentait jusqu'à une petite plateforme suspendue au-dessus du vide. Elle était relativement arrondie, de forme très irrégulière. Je fis volte-face. Edward affichait une mine triomphante.

- Ça te plaît ?

- Évidemment. Comment as-tu pu dénicher un endroit pareil ? m'émerveillai-je.

- Il a bien fallu que je trouve de quoi m'occuper en t'attendant, répliqua-t-il.

- Je ne pourrais jamais égaler tout ça, soupirai-je tristement en englobant le paysage d'un geste de la main.

- Ne sois pas bête, grogna-t-il.

- Vous venez souvent ici ? enchaînai-je, l'air de rien.

- J'ai découvert cet endroit bien avant que tu ne viennes au monde, mais je n'y étais encore jamais revenu. Nous serons au calme ici.

- Tu en connais d'autres des comme ça ?

- Quelques-uns, répondit-il modestement. Bon, on y va ?

Je me rendis soudainement compte que le fin ruban de roche était tout bonnement inempruntable. Je préférais encore sauter que de m'offrir un cours d'escalade. D'ailleurs, Edward s'élançait déjà dans les airs et je l'imitai.

La plateforme était en réalité plus vaste qu'elle ne le paraissait quelques instants plus tôt. Elle avait la forme d'un demi-ballon de football, moins écrasé cependant. Je m'approchai du bord du précipice où des azalées blanches étaient parvenues à prendre possession de la roche.

Edward se débarrassait déjà de son sac lorsque je décidai de m'occuper du foyer. Je lui laissai le soin de monter la tente - je me voyais déjà me débattre sous la toile qui n'aurait pas manqué de s'effondrer sur moi. Aussi, j'entrepris de ramasser des pierres plus ou moins semblables les unes aux autres et commençai à les disposer en un cercle à peu près régulier.

Une fois satisfaite du résultat, je rebroussai chemin et sautai une nouvelle fois de l'autre côté de la falaise. Je revins les bras chargés de branches sèches que je lâchai au milieu du foyer. Je réalisai tout à coup que je n'avais aucune idée de la manière dont il fallait allumer un feu. J'avais déjà vu des émissions à la télé où des survivants y parvenaient en frottant de simples bouts de bois, mais de là à passer à la pratique... Je me tournai vers Edward qui se tenait les bras croisés, devant la tente montée.

- J'ai besoin d'aide, réclamai-je.

- Tiens, prends ça, rigola-t-il en me tendant un petit objet rectangulaire qu'il sortit de sa poche.

- C'est de la triche, m'indignai-je faussement en m'emparant du briquet qui étincelait sous l'éclat de la pleine lune.

Je fis rouler le silex et la flamme jaillit. Le bois s'embrasa rapidement et je rendis l'objet à Edward. L'imitant, je m'assis sur le sol granitique, dos à la falaise. Les flammes se reflétaient dans ses yeux qui prirent une teinte incandescente.

- C'est si calme, soupirai-je.

- C'est précisément ce dont nous avions besoin.