TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

9. POINT DE NON-RETOUR (Partie XIII)

- Je t'écoute, murmurai-je faiblement.

Edward, qui devait probablement tendre l'oreille, se dirigea lentement vers moi. Tous les visages se tournèrent dans ma direction, les lèvres crispées. Visiblement, ils avaient tous écouté mon interlocuteur.

- Jacob est passé chez son père, expliqua-t-il. Billy m'a dit qu'il avait emporté un sac avec plusieurs vêtements et quelques provisions.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? m'exclamai-je, paniquée à présent.

Edward prit ma main libre et y déposa un baiser. Ça va aller, crus-je lire sur ses lèvres.

- Il part loin, Bella. C'est la seule explication. Il ne veut pas qu'on puisse le retrouver. Et pour ça, il va renoncer à se transformer en loup.

- Vous ne pourrez plus l'entendre, compris-je alors.

- Exactement. Sincèrement, nous ne savons pas quoi faire. Nous voudrions partir à sa recherche, mais il nous a empêchés de le faire.

Je m'interrogeai quelques instants. Si Jacob s'était réellement enfui pour s'isoler sous sa forme humaine, il paraissait évident qu'il ne resterait pas dans les parages, au risque d'être retrouvé trop facilement. Comptait-il quitter le continent ? Était-il si loin qu'il était déjà trop tard ?

- Je ne sais pas quoi te dire, lâchai-je. Je ne pense pas qu'il veuille qu'on le retrouve. À mon avis, ça ne servirait à rien.

- On doit essayer, Bella. D'après Billy, il était dans un tel état d'hébétude et de tristesse qu'il ne paraissait plus lui-même. Il n'a pas fourni la moindre explication à son père et s'est contenté de lui dire que c'était mieux comme ça, pour tout le monde.

Je ne pus m'empêcher de songer au pauvre Billy qui revivait l'angoisse de voir à nouveau son fils disparaître sans même savoir pourquoi. Je regardai Edward, anxieuse. Il me caressa le dos de la main. Le reste de la famille me scrutait toujours.

- Que va-t-il faire, à ton avis ? repris-je.

Ma question était d'une importance capitale, et de sa réponse dépendrait mon avenir. J'avais besoin d'entendre les bons mots et de réaliser que les conclusions auxquelles j'étais arrivée étaient les mauvaises. S'il arrivait malheur à Jacob... Je préférai ne pas aller au fond de ma pensée. Il était hors de question que je vive avec ça.

- Je crois... qu'il va rester seul un certain temps et qu'il reviendra quand il s'en sentira capable, décréta Seth.

Je lâchai une profonde expiration.

- Alors, laissons-lui un peu de temps, conclus-je. C'est probablement la meilleure chose à faire.

- Tu es sûre ?

- Je ne suis sûre de rien, rétorquai-je. Juste que je ne veux pas le perdre.

- Pas plus que moi, confia l'Indien. C'est mon frère, Bella, lâcha-t-il tout-à-trac.

- C'est aussi le mien, répliquai-je. Merci d'avoir appelé, Seth.

- De rien. Salut, Bella.

Je raccrochai et me tournai vers ma famille. Tous me regardaient avec des expressions mitigées. Mais dans l'ensemble, toutes se rapprochaient de la peur. Chacun pensait la même chose que moi et avait conscience de ce que cela entraînerait.

Je reposai le combiné du téléphone et me laissai guider par Edward qui m'entraînait déjà vers le salon. Je contemplai un à un chaque membre du clan, en terminant par Edward. Il paraissait lui aussi résigné.

J'étais condamnée, j'en étais certaine à présent. Je ne méritais visiblement pas de vivre comme tout un chacun, une existence comblée de bonheur, même si le mien aurait dû toucher à la perfection.