11. FUITE (Partie XVII)

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Ma soif de vengeance avait pris le dessus sur la raison et j'en oubliais complètement les gardes qui s'apprêtaient à me foncer dessus. Le jeune homme posté près de Jane fut le plus prompt à la détente et fondit sur moi en un dixième de seconde. Je parvins à l'esquiver de justesse et me serais probablement jetée sur Aro si Félix ne m'avait fermement empoignée par derrière au même instant, exerçant une telle pression qu'il me fit tomber à genoux sur le sol.

Jane et Alec s'étaient placés devant les anciens en posture de défense, véritables remparts vivants, au cas où je serais miraculeusement parvenue à me dégager de l'emprise du colosse. La poignée de gardes, qui s'étaient montrés moins rapides que leurs camarades, s'étaient tous à moitié accroupis, prêts à bondir au premier signe de leur maître.

Dans un bruit de déchirure métallique, Félix forma un angle anormal avec mon bras. Une douleur lancinante surgit au niveau de mon coude, avant d'irradier tout mon dos puis de ronger mon cou. Je ne pus retenir une exclamation.

- Félix ! ordonna sèchement Aro. Arrête ça immédiatement !

Mâchoires crispées, je relevai la tête, surprise, tandis que le garde desserrait son étreinte - sans me relâcher pour autant. Mon bras revint en position normale et je sentis une ligne de feu me parcourir - le venin devait commencer à faire son effet - juste à l'endroit de la déchirure.

Petit à petit, la douleur s'effaça depuis mon coude jusqu'à mon cou, comme si les flammes s'éteignaient les unes après les autres. Au bout de quelques secondes, je ne sentais plus rien du tout.

Je m'étais mise dans une situation que je savais désespérée. Je n'avais en effet aucun espoir de me voir en sortir vivante. La colère qui m'avait aveuglée m'avait fait prendre une décision irréfléchie et je m'imaginais déjà ne plus jamais revoir Edward. Une nouvelle crainte m'étreignit lorsque je réalisai que si, par miracle, je m'en tirais à si bon compte, je venais de gâcher mes maigres chances de jamais revoir Renesmée.

- Non ! siffla Jane, en proie cette fois à une véritable fureur, toute aussi grande que mon désarroi.

- Paix, ma chère ! la tranquillisa le vieil immortel.

- Ton indulgence est insultante, Aro ! s'exaspéra Caïus. Comment veux-tu que nous nous fassions respecter ?

Le maître se tourna vers son comparse et lui jeta un regard significatif. Caïus se renfrogna et reporta son attention et sa frustration sur moi.

- Paix, mes amis, répéta finalement Aro.

Jane ne se risqua pas à contrarier le vieil Italien mais n'en fulmina que davantage. Alec posa sa main sur son épaule pour l'inciter à se calmer, en vain. Renata, elle, se trémoussait près d'Aro, visiblement partagée entre l'envie de protéger son maître et celle de me régler mon compte une bonne fois pour toutes.

Démétri semblait amusé par la situation, comme si la perspective de m'éliminer lui apportait une distraction inattendue. Le plus stupéfiant cependant, restait l'air d'ennui profond que Marcus avait conservé, y compris durant mon attaque. Son attitude déconcertante tranchait avec la hargne qui tenaillait Caïus et qui semblait manquer de déchirer sa peau fine comme du papier, d'un moment à l'autre.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant