4. RENÉE (Partie II)

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- C'est arrivé quand ? (Pause) Où ? (Autre pause) Dans quel hôpital a-t-elle été emmenée ? demandait-il à présent, sa voix se durcissant un peu plus à mesure qu'il posait ses questions.

Cette fois, la réponse fut plus longue et l'étonnement se peignit sur les traits d'Edward.

- Il s'en est sorti ?... Et comment va-t-il ? (Encore un silence).

Je compris que c'était de Phil dont il s'agissait.

- Bon, je vais devoir vous laisser, Charlie. Ça ira ?

Je ne captai pas le reste de la conversation. Mon esprit commençait à s'engourdir et je laissai la torpeur m'envahir. Il ne fallait pas que je laisse la douleur s'installer tout de suite. J'avais trop peur des dégâts que cela pourrait occasionner en moi.

Je savais ce que représentait la perte d'un être cher, d'un être aimé. Je connaissais les chemins sinueux qu'avait emprunté la souffrance, s'insinuant dans les méandres de ma chair. Je l'avais vécu une première fois, lorsqu'Edward m'avait abandonnée, seule, avec la promesse de ne jamais le revoir.

Mais rien ne s'était passé comme prévu. Nous nous étions retrouvés et j'allais passer le reste de mon existence à ses côtés. Seulement cette fois, le serment était immuable. Je ne reverrais jamais Renée. Je me levai brusquement, désireuse de m'éloigner. J'avais besoin de solitude et j'étais sûre que chacun serait à même de le comprendre.

- Il faut... que je sorte, parvins-je à articuler. Seule.

Jacob voulut protester, mais Edward l'interrompit. Il dénoua nos doigts qu'il avait entrecroisés quelques instants plus tôt.

- Reviens vite, lâcha-t-il, une note de supplication dans la voix.

Je quittai le salon sans me retourner et m'enfonçai à toute allure dans la forêt. Je ne suivais pas de chemin défini, mais cette fois, je ne me perdrais pas. Il fallait que je coure, que je m'éloigne le plus possible du chagrin qui menaçait de me rattraper.

Je filais à travers le décor céladon, insouciante des branches que j'arrachais sur mon passage. Au bout d'une demi-heure, je ralentis ma course et finis par marcher, incapable de réfléchir. Enfin, je m'assis au milieu d'un tapis de feuilles mortes et de mousse verdâtre et ramenai mes genoux sous ma tête.

Bien que je fusse incapable de pleurer, je laissai imploser mon chagrin. Je laissai la douleur s'abreuver au ruisseau de ma peine et le lancinement douloureux du souvenir de ma mère s'enraciner profondément dans ma poitrine. J'éprouvais le besoin de sentir mon cœur battre alors que je savais parfaitement que cela m'était impossible.

Si le venin qui courait dans mes veines ne s'en était pas chargé plus tôt, les milliers d'aiguilles qui s'y plantaient désormais en auraient fait cesser la chamade. Si la nature m'avait rendu la chose possible, j'aurais déversé des torrents de larmes.

Sentir que mon corps ne répondait pas à mes envies les plus pressantes m'empêchait de lâcher le moindre sanglot. C'était la première fois depuis ma transformation que j'avais à en affronter les inconvénients majeurs.

Les bruits de la nature se dissipèrent progressivement. Même le souffle du vent qui gémissait dans les ramures des arbres mourut dans un murmure. Alors, le silence s'installa.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant