8. FEU DE CAMP (Partie V)

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La pluie s'abattait sur le pare-brise avec une violence inouïe. Les essuie-glaces marchaient à plein régime mais ne parvenaient cependant pas à évacuer le trop plein d'eau. Les pneus du 4x4 d'Emmett chuintaient au contact de la boue.

Nous avions quitté la route principale depuis un bon moment lorsque le temps s'était subitement dégradé, obscurcissant le ciel d'une couverture nuageuse noire et menaçante. Nous bifurquâmes vers l'ouest et je vis apparaître au loin les crêtes escarpées de la montagne.

- Notre destination, lança Edward en désignant un point invisible au loin.

- Nous aurions pu remettre ça à plus tard, fis-je en levant les yeux vers le toit de l'habitacle où les gouttes ricochaient avec force. Ça ne m'aurait pas dérangée.

- Nous ne sommes plus très loin maintenant, me renseigna-t-il. Tu vas voir, c'est très agréable.

Je gardai le silence. Je ne doutais pas que le camping avait un certain charme mais je ne gardais pas un très bon souvenir de ma seule et unique expérience en la matière. Cependant, les circonstances n'étaient pas les mêmes.

Edward alluma les phares de la Jeep, l'obscurité s'étant abattue avec précipitation. Je n'avais pourtant pas l'impression que nous roulions depuis très longtemps. Je consultai l'horloge du tableau de bord - il n'était pas loin de 18 h 00. Le temps n'avait décidément plus aucune prise sur moi.

- Et puis, ça soulagera aussi les autres de nous voir nous éloigner.

- Ce n'est pas faux, approuvai-je. Jasper ne doit plus pouvoir me supporter.

Edward rigola.

- Jasper est très tolérant. Je ne l'ai jamais entendu se plaindre de son don.

- Il aurait pourtant toutes les raisons de le faire, rétorquai-je.

Lâchant le levier de vitesse, il posa sa main sur ma jambe.

- Je partage ton avis, enchaîna-t-il. La villa n'est pas un endroit très fréquentable pour lui en ce moment. Mais ne te sens pas coupable de quoi que ce soit. En plus de ta peine, il doit supporter la mienne ainsi que celle de toute la famille, sans oublier la sienne.

Ces paroles me réconfortèrent quelque peu.

- Tu t'inquiètes surtout pour Jacob, reprit-il.

- J'avoue que l'idée de l'avoir loin de moi m'effraie un peu.

Je m'interrompis quelques instants avant de me rappeler que ce genre de remarque ne l'atteignait plus depuis longtemps.

- Carlisle m'a assuré qu'Esmée et lui-même ne le lâcheraient pas d'une semelle.

Je fis la moue, peu convaincue par ses arguments. Il attrapa cette fois ma main et entremêla nos doigts.

- Il ne fera rien d'irréfléchi, Bella, assura-t-il. Ne serait-ce que pour toi.

- Mais Sam a dit...

- Ce que je n'aurais jamais dû te dire, se récrimina-t-il en levant les yeux au ciel. Bella, le simple fait de savoir que Renesmée est vivante suffit à lui faire garder espoir.

J'étais persuadée qu'il ne croyait pas lui-même à ce qu'il essayait de me faire avaler. J'avais affreusement peur que Jacob ne baisse les bras et ne lâche prise. Edward soupira.

- Malheureusement, je n'ai pas su faire ce qu'il fallait pour récupérer notre fille. Mais tout n'est pas perdu, assura-t-il.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant