9. POINT DE NON-RETOUR (Partie XIV)

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Nous ne décidâmes que tard de rentrer au cottage, ce soir-là. La pression n'était toujours pas parvenue à retomber depuis la fuite de Jake et j'avais du mal à garder les idées claires en restant à la villa. J'avais bredouillé quelque chose comme quoi je souhaitais rentrer à la maison et mon mari s'était empressé d'accéder à ma demande, lui aussi secoué par la tournure qu'avait pris la situation.

Edward claqua la porte derrière lui tandis que je me laissai tomber sur le sol, n'ayant plus la moindre force ne serait-ce que pour atteindre un siège plus confortable. La tête entre les mains, je poussai un long soupir.

- Qu'est-ce qui lui a pris ? lâchai-je, affligée.

Je n'arrivais toujours pas à croire que Jacob était parti loin de la ville. Qu'il s'éloigne de nous, qu'il décide de rester sous sa forme lupine pour essayer de parvenir à mieux gérer sa douleur, j'étais plus que prête à le comprendre. Mais qu'il se décide à quitter Forks, qu'il renonce à muter...

Qu'avait dit Seth un peu plus tôt dans la journée ? Il y avait comme une sorte de... résignation dans son ton. S'était-il résigné à renoncer ? À nous quitter définitivement ? Je relevai la tête en sentant Edward s'approcher de moi.

- Ne reste pas là, me conseilla-t-il.

Mes doigts agrippèrent le tapis sur lequel je m'étais assise avec une énergie dérisoire et commencèrent à en arracher les fils un à un, sans but précis. Voyant que je ne réagissais pas, Edward me releva précautionneusement et m'installa sur l'ottomane, à ses côtés.

- Qu'est-ce qui lui a pris ? répétai-je piteusement, en le fixant dans les yeux.

- Sa réaction n'est pas très surprenante, Bella, finit-il par répondre en posant sa main sur ma joue. Il a besoin de s'éloigner un peu, lui aussi. Ça ne veut pas dire pour autant qu'il ne compte jamais revenir.

- J'ai du mal à croire que tout ce qu'il s'est passé est bien réel, avouai-je.

- Pour être honnête, je guettais déjà le moment où il finirait par se mettre en colère. Avec Rosalie qui le harcelait sans cesse, en plus de tout ce qu'il avait à traverser, cela ne pouvait que finir par arriver. Je ne le soupçonnais même pas de se contrôler à ce point.

- Ce n'est pas la faute de Rose, la défendis-je.

- Ce n'est pas ce que je suis en train de dire. Je ne lui reproche rien. Mais il a dû supporter ses critiques pendant plusieurs jours avant qu'elle ne se décide à le laisser tranquille. C'était encore trop récent pour qu'il prenne ses efforts en compte. Jacob avait dépassé un certain stade dans sa culpabilité. Au début, il supportait Rosalie parce qu'il se sentait coupable mais maintenant, il n'y parvient plus parce qu'il ne se supporte plus lui-même.

- C'est tellement stupide, objectai-je tristement. Il n'a absolument rien à se reprocher. Nous savons très bien qu'il a fait tout ce qu'il a pu.

- Il en avait bien conscience, mais entendre ma sœur confirmer tout haut les craintes qu'il gardait au plus profond de lui-même l'a finalement poussé à croire que nous ne lui disions pas tout ce que nous avions sur le cœur.

Je secouai la tête. Tout cela avait pris des proportions déconcertantes.

- Le plus étrange dans tout ça, c'est que j'ai du mal à croire qu'il en serait capable.

- De s'éloigner ? Je ressens la même chose que toi, approuva-t-il. Tous ses repères sont ici, en quelque sorte. Tout ce qui a trait à Renesmée est ici, précisa-t-il.

Je réfléchis à ses dernières paroles. Un doute prit naissance en moi.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant