11. FUITE (Partie II)

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Cinq ou six personnes me précédaient et la femme qui était à la tête de ce cortège était en train de débattre avec l'employé sur l'expiration prochaine de son passeport. Tous les autres semblaient être des hommes d'affaires, tirés à quatre épingles et portant tous une mallette noire d'un classicisme caractéristique.

Je parvins, sans comprendre immédiatement pourquoi, à me frayer un chemin parmi eux et me retrouvai finalement juste derrière l'Africaine, qui rencontrait apparemment de gros problèmes administratifs.

Je ne mis pas longtemps à réaliser que mon avancée miraculeuse résultait davantage des charmes de mon apparence physique, que d'une brusque sympathie que j'aurais soudainement pu inspirer aux gens qui me croisaient. Je perdis quand même de précieuses minutes à devoir attendre que la voyageuse ne s'y retrouve dans ses explications.

Je me mis à taper du pied au bout d'un moment, irritée de voir cette bonne femme commencer à raconter sa vie au moment où j'en avais le moins besoin. Lorsqu'elle se rendit compte de mon manège, la vieille femme se retourna lentement et me regarda méchamment, un coin de sa bouche remonté vers le haut. Son expression finit par me faire enrager sérieusement.

- Quoi ? aboyai-je finalement au bout de plusieurs secondes.

Ma colère était autrement plus impressionnante que la sienne, et je me demandai de quoi je pouvais bien avoir l'air pour que son visage devienne brusquement si inquiet.

- Quelque chose ne va pas ? s'enquit-elle avec une fausse sollicitude.

- À votre avis ? grommelai-je en baissant le ton d'un cran.

Je jetai un coup d'œil en arrière et constatai que les hommes qui se tenaient derrière moi affichaient des expressions exagérément lasses, comme pour apporter leur soutien à ce que je venais de dire.

- Bon, je veux parler au directeur, reprit la voyageuse, d'une voix légèrement troublée.

L'employé la renseigna à ce sujet et me lança un coup d'œil plein de gratitude, soulagé que les choses se soient accélérées de la sorte. Je jetai un coup d'œil à la grande pendule centrale - l'avion partait dans sept minutes.

Mon tour vint et je présentai mon passeport au guichetier. Je fus heureuse d'avoir mes papiers sous la main. J'avais pris l'habitude de les emmener partout avec moi, fatiguée de devoir les trimballer entre le cottage et la villa. Je ne regrettais pas ma décision aujourd'hui.

Je montai rapidement dans l'avion et je fus surprise d'arriver si vite à Atlanta. Après avoir atterri, je me dirigeai vers la porte d'embarquement pour attraper ma correspondance et m'assis sur l'une des rangées de sièges, le plus loin possible des autres passagers.

Je contemplai quelques instants l'appareil à bord duquel j'allais faire le voyage lorsque qu'une femme d'un certain âge et à la peau basanée vint prendre place à mes côtés. Elle avait de longs cheveux ébène qu'elle avait rassemblés en une tresse lâche. Elle aurait tout aussi bien pu sortir tout droit de la Push.

Elle paraissait lasse et épuisée à l'avance de son voyage. Posant son sac à main juste à côté de moi, elle fit rouler sa valise jusque devant ses genoux. Elle semblait heureuse de pouvoir se poser, juste quelques minutes.

- Bonjour, fit-elle d'une voix aimable.

Je pivotai la tête dans sa direction et m'interrogeai l'espace d'un instant, pas certaine que cette politesse me soit destinée.

- Bonjour, répondis-je, un peu étonnée.

- Je peux vous demander un service, s'il vous plaît ? enchaîna-t-elle en dévoilant une rangée de dents blanches.

- Oui, bien sûr.

- Vous pourriez veiller sur mes bagages ? Ce ne sera l'affaire que de quelques minutes, précisa-t-elle pour finir de me convaincre.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant