TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

10. ABANDON (Partie VI)

L'intéressé poussa à son tour un soupir qui dissimulait mal son impatience, avant de finalement s'exécuter.

- Bon, ça y est, je suis assis, reprit-il. Alors, je t'écoute. Qu'est-ce qu'il y a de si important pour que tu fasses tant de cérémonies ?

Je ne répondis pas tout de suite. Je cherchais à le lui dire de la manière la plus douce possible. Avant que j'eusse prononcé un mot, le visage de Charlie s'éclaira brusquement.

- Dis-moi...

La pause fut plus longue que je ne m'y étais attendu.

- Oui ? répondis-je, cherchant à comprendre ce qu'il essayait de me dire.

- Tu ne serais pas... tu ne serais pas de nouveau... enceinte ? lâcha-t-il finalement.

- Oh... non, bégayai-je, un peu surprise qu'il ait tiré pareilles conclusions de ma conduite. Ce n'est pas de ça dont il s'agit.

Je restai un peu étonnée, tant il était à des kilomètres de la vérité. Évidemment, mon père ne pouvait se douter que je n'étais plus physiquement capable d'avoir un second enfant. Je n'avais pas songé au fait qu'il puisse seulement entrevoir cette possibilité, ce qui m'avait prise au dépourvu. J'aurais sûrement préféré lui annoncer quelque chose dans le genre. Quoique, finalement pas, après tout.

- Alors, dis-moi ce que c'est, poursuivit-il, fronçant de nouveau les sourcils.

- Écoute, me lançai-je enfin, pour une raison que je n'ai pas le droit de te communiquer, il va être... disons impossible que tu revoies Renesmée. Pour le moment, tempérai-je.

- Comment ça ? se stupéfia mon père en bondissant de sa chaise. Il lui est arrivé quelque chose ?

- Je t'en prie, ne te mets pas dans tous tes états...

- Alors c'est ça ? me coupa-t-il, ses yeux sur le point de lui sortir de la tête tant il les écarquillait.

- Je ne peux pas te le dire, répétai-je le plus posément que je pus.

- Elle ne court aucun danger, j'espère ?

- Non, mentis-je alors, quand je pris conscience que Charlie ferait n'importe quoi pour nous aider et ne me lâcherait pas si je ne lui faisais pas ce petit mensonge.

Pas si petit que ça, pourtant.

- C'est à cause de moi ? J'y suis pour quelque chose ? s'alarma-t-il soudain, l'air un peu blessé cependant.

- Non, bien sûr que non, me défendis-je, offusquée.

Comme si je l'aurais jamais empêché de la voir si j'en avais eu le pouvoir.

- Ne réagis pas comme ça, papa, le priai-je. Je n'y peux rien.

- Ça ne tient pas debout, Bella ! s'agaça-t-il en frappant la table du plat de sa main. D'abord, tu fais des mystères au téléphone, puis tu viens ici, et tu m'annonces tranquillement que je n'ai plus le droit de voir la petite. S'il ne lui est rien arrivé, il y a forcément une autre raison. Et quand j'ai le malheur de te demander pourquoi, tu ne veux même pas me répondre. Alors, tu peux comprendre que je ne réagisse pas bien...