4. RENÉE (Partie V)

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Toutes les lumières de la demeure étaient éteintes, à l'exception du salon où, à mon grand soulagement, je n'avais rencontré que Jacob. Je me demandai alors ce qui avait bien pu advenir du reste de la famille. Pourvu qu'ils ne se soient pas tous décidés à rejoindre le cottage ! Malgré tout, je devais bien reconnaître que je me sentais rassurée de savoir ma fille entre les mains de Rosalie.

Mon esprit se remit à divaguer et je me laissai aller contre la porte. Il fallait que je me vide de toute pensée, que le silence de l'immense pièce claire résonne dans mon esprit. Pourtant, je fus incapable de repousser la vague de douleur qui s'abattit à nouveau sur moi. Je me laissai glisser sur le sol frais et me remis à haleter. Je me sentais brûlante, fiévreuse.

Une fois que j'eus le sentiment que mes poumons s'étaient remis à fonctionner normalement, j'entrepris de me passer un peu d'eau fraîche sur le visage. Je me relevai maladroitement - rien à voir avec mon équilibre, mon corps commençait juste à se paralyser - et me dirigeai vers l'imposant comptoir.

Je m'arrêtai net en croisant mon reflet dans le grand miroir au cadre doré et ne pus que constater l'étendue des dégâts. J'étais dans un état lamentable. Je ressemblais plus à une véritable sauvageonne qu'à un vampire. La pluie avait collé mes cheveux désordonnés sur mon front et avait fait dégouliner mon maquillage de la veille. De longues traînées bleues et noires striaient mes joues.

J'ouvris des yeux ronds en découvrant ma robe bleu pâle littéralement moulée sur mon corps, laissant transparaître mes sous-vêtements. Je comprenais désormais la réaction stupéfaite de mon ami et guettai dans le miroir le feu qui aurait dû me monter aux joues. Mais rien ne vint et ma peau continua de luire sous l'éclairage de la salle de bain.

Malgré cela, je fus frappée par le stoïcisme avec lequel mon reflet me contemplait - j'avais toujours du mal à me faire à l'image que me renvoyait la grande glace, à la considérer comme autre chose qu'une étrangère. Rien dans mon attitude ne laissait deviner l'océan de désolation dans lequel je tentai désespérément de ne pas me noyer, la souffrance qui irradiait de ma personne toute entière.

C'était une bonne chose. Je n'aurais pas à déployer des trésors d'ingénierie pour cacher mon enfer. Faire bonne figure serait finalement plus simple que prévu. Je détournai le regard, lasse et jetai un coup d'œil à la pendule accrochée au-dessus de la porte. Vingt-deux heures cinquante-trois.

Cinq toutes petites minutes venaient de s'écouler et je me demandai combien de sillons le chagrin creuserait encore dans ma poitrine. Combien de temps encore allais-je devoir me débattre avec ma peine ? Je ne me sentais pas prête à affronter de nouveaux mois de tourments.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant