6. DÉCISION (Partie XVI)

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J'avais spontanément proposé mon aide à Edward afin de l'aider à préparer ses bagages. J'avais besoin de m'occuper les mains, et ce qui s'avérait être en temps normal un véritable supplice m'apparut tout à coup comme une échappatoire. J'avais toutefois exigé de me charger de ça au cottage. Je ne tenais pas à ce qu'Alice puisse fourrer son nez pointu dans mon organisation, prétextant un besoin de vêtements neufs ou je ne sais quelle autre idée farfelue.

De toute façon, le calcul était vite fait. Un simple bagage à main suffirait. M'agitant dans le dressing, je m'appliquais à choisir les vêtements qu'Edward préférait, ceux dans lesquels il serait le plus à l'aise. Je laissai mon flair me guider entre le coton, le lin et la soie, sans parvenir cependant à me concentrer réellement.

En effet, je n'arrivais toujours pas à croire que je m'apprêtais à le laisser filer se jeter dans les bras des Volturi. Plus j'y songeais et plus cela me paraissait insensé. Pourtant, sa décision était apparue comme le seul moyen possible d'espérer faire bouger les choses. Mais je n'étais pas d'accord sur le principe.

Certes, nous avions besoin d'éléments de réponse, mais ce dont j'avais réellement besoin, c'était de lui. Et à présent, j'étais terrifiée à l'idée qu'il ne me revienne pas. J'avais déjà perdu Renesmée, il était hors de question que je le perde également.

Je me sentis honteuse d'avoir une pensée aussi égoïste, bien que je fus convaincue sur l'instant que le reste de la famille pensait la même chose que moi. Mais ils estimaient qu'Edward était assez grand pour savoir ce qu'il faisait. Malgré cela, je ressentais son départ comme un abandon pur et simple, en particulier parce qu'il refusait que je l'accompagne, estimant que ma venue ne ferait que compliquer les choses. J'avais déjà accumulé une petite pile de vêtements lorsqu'il s'immobilisa devant moi.

- Bella, arrête de te torturer l'esprit comme ça ! m'ordonna-t-il.

- Je ne me torture pas l'esprit, rétorquai-je. J'essaie juste de me dépêcher.

Attrapant mon menton, il planta ses yeux dorés dans les miens.

- Je peux lire chacune de tes pensées sur ton visage. Alors cesse de me mentir. Ça me rend nerveux.

Agacée, je le fusillai du regard.

- Qu'attends-tu de moi ? m'emportai-je en m'éloignant brusquement. Que je te regarde partir sans broncher et que j'attende patiemment ton retour ? Parce que si c'est ce que tu veux, ne compte pas sur moi ! C'est au-dessus de mes forces.

Choqué, Edward avait levé les deux mains comme pour se défendre. Comme d'habitude, je m'en voulus de m'être emportée de la sorte, même si je pensais le moindre mot que je venais de cracher.

- Excuse-moi, chuchotai-je.

- Je ne te demande rien de tel, contra-t-il. Je ne fais pas ça par plaisir ou par envie, mais je n'y tiens plus, tu comprends ?

- Oui, parfaitement, lâchai-je en faisant claquer ma langue.

Exaspérée cette fois, je fonçai dans la salle de bain afin de réunir quelques produits de toilette. Je m'arrêtai quelques instants devant la petite glace qui surmontait le lavabo. Mon reflet me fit peur. De larges cernes violacés soulignaient mon regard d'encre. Mais ce n'était pas tant ça qui m'effrayait le plus - je ne me reconnaissais pas. Je devenais une autre, sombre, capable de planter Edward dans le dressing, aveuglée par ma colère.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant