TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

10. ABANDON (Partie X)

Edward s'approcha de moi et me tira la chaise sur laquelle je pris place. La table était accolée à la vitrine qui donnait directement vue sur la jetée.

- Qu'est-ce que tu as ? me demanda finalement Edward.

- Je suis un peu sur les nerfs, je crois, m'excusai-je.

- La pauvre...

- Elle l'a mérité, m'offusquai-je.

- Écoute, elle n'y peut rien si...

- Si tu éblouis tout le monde ? m'emballai-je. C'est ça ? Si tous les gens qui nous croisent ne voient que toi ?

- Non, tempéra-t-il. Si tu l'intimides. Mets-toi à sa place cinq minutes.

- Non, merci. Je préfère garder la mienne.

Edward se renfonça dans sa chaise et posa une main sur son menton, en prenant soin de dissimuler le sourire qui naissait au coin de ses lèvres.

- Ce n'est pas drôle, lâchai-je sans pouvoir me retenir à mon tour de sourire.

- Regarde-toi un peu. Une vraie tigresse.

- Et mes griffes sont acérées, ajoutai-je.

À cet instant, une serveuse approcha et se mit à papillonner des yeux comme une imbécile. Il me fallut plusieurs secondes avant de la reconnaître. Décidément, certaines choses ne changeaient jamais.

Cette abrutie n'avait visiblement pas compris le premier désintéressement d'Edward. Je tournai volontairement la tête vers l'extérieur, histoire de me cacher. Juste au cas où. La jeune femme nous tendit deux menus et je m'empressai d'ouvrir le mien et d'enfouir ma tête dedans.

Elle repartit sans un mot. Je refermai derechef la carte et la posai sur le bord de la table. Je n'avais pas besoin de savoir ce qui était proposé au menu, puisque je n'y toucherais pas. Je ne comprenais d'ailleurs pas très bien où Edward avait voulu en venir en m'obligeant à entrer ici.

- Qu'est-ce qu'on fait là ? lui demandai-je finalement.

- On se change les idées.

- Mais pourquoi ici ?

- C'est... c'est une idée de Jasper, reconnut-il à contrecœur en se penchant vers moi, comme s'il était en train de reconnaître une faute.

- Jasper ? répétai-je.

Je n'étais qu'à moitié étonnée par cette confession. Mon beau-frère s'était révélé être un confident inattendu. Je me rappelai brusquement son conseil : je devais parler à Edward. C'était peut-être le moment ou jamais.

- Je ne vois pas pourquoi Port Angeles, insistai-je.

- Eh bien, il a pensé que replonger dans ton passé t'éloignerait peut-être pour quelques temps de nos problèmes.

- Sincèrement Edward, rien ne pourra me faire oublier la crise que nous sommes en train de traverser. Je te remercie de faire tous ces efforts pour moi, mais j'ai l'impression que c'est moi qui devrait t'aider. Et non l'inverse.

Une fois encore, nous fûmes interrompus par le retour de la serveuse. Je mis discrètement mes cheveux devant mon visage afin d'essayer de me dissimuler derrière.

- Vous avez choisi ? fit-elle d'une voix sucrée horripilante, en déposant une corbeille de pain et une carafe d'eau au centre de la table.

Je réfléchis quelques instants à la réponse qu'Edward allait lui fournir. Je ne savais pas comment il allait se sortir de là mais après tout, c'était lui qui s'était fourré dans ce pétrin. Il n'avait qu'à se débrouiller tout seul.

- Bella ? m'interpella-t-il avec une moue narquoise.

Je lui fis les gros yeux. Comment osait-il me faire un coup pareil ? D'accord, j'avais été prête à lui faire la même chose, mais moi, je n'avais rien demandé. Il ne se démonta pas devant mon air courroucé, aussi je n'eus d'autre choix que de commander quelque chose. J'ouvris la carte et commençai à fouiller du regard au hasard, avant d'avoir une autre idée.

- Raviolis aux champignons, lâchai-je en reclaquant sèchement le menu.