TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

4. RENÉE (Partie XIII)

- Beaucoup, reconnut-elle, visiblement soulagée de ne pas me voir le lui reprocher.

Je constatai que la petite avait corné plusieurs bas de page, probablement afin d'éviter toute confusion. Je fis rapidement défiler les feuilles sous mes doigts et bloquai sur un court passage qui me glaça le sang.

En quelques secondes, elle s'allongea, devint raide et renversa les yeux, tandis que ses joues, soudain décolorées et livides, revêtaient l'aspect de la mort.

Je refermai brutalement l'ouvrage dans un claquement sec et le reposai à sa place initiale.

- Tu accepterais de m'en lire un passage ? demanda-t-elle avec espoir.

- Il se fait tard, ma chérie, répondis-je en la bordant inutilement une deuxième fois.

- Demain, alors ? insista-t-elle.

Je m'apprêtais à éluder lorsque je croisai son regard suppliant.

- Oui, demain, promis-je alors en lui posant un baiser sur le front.

J'éteignis la lampe et commençai à m'éloigner lorsque Renesmée m'interpella.

- Qu'y a-t-il ?

- Je peux garder le livre ?

- Bien sûr, acceptai-je. Considère qu'il est à toi désormais.

- Tu n'es pas obligée, maman, protesta-t-elle. Je sais que tu l'aimes beaucoup. C'est...

- J'y tiens, l'interrompis-je. Ce sera mon cadeau d'anniversaire, ajoutai-je.

- Merci, maman.

Je lui envoyai un baiser et elle chantonna un « bonne nuit » avant de me tourner le dos. Je refermai la porte derrière moi. Alors que je m'approchais de l'escalier, des murmures me parvinrent depuis le salon. Je reconnus les voix de Jacob et d'Edward et m'apprêtais à poursuivre mon chemin, lorsque je compris que c'était de moi dont ils parlaient. Bien qu'il n'était pas dans mes habitudes d'écouter aux portes, je ne pus m'empêcher de suivre d'un peu plus près leur conversation.

- ... ne la connaissais pas aussi bien, j'aurais presque pu gober ça, ironisait mon ami.

- Je le sais bien mais... elle essaie de se reprendre en main comme elle le peut.

- Oui, mais elle ne trompe personne ! Et je ne peux même pas l'aider !

- Nous devons nous montrer patients, Jacob, même si je reconnais qu'il me devient difficilement supportable de la voir souffrir sans pouvoir réagir, chuchotait Edward à présent.

Ces quelques mots, prononcés à voix basse, résonnèrent avec violence dans mon esprit. J'avais eu tort. Je n'avais tout bonnement pas le droit de les tenir ainsi à l'écart. J'avais refusé de les impliquer dans mon chagrin alors que j'avais terriblement besoin de leur soutien. J'avais nié l'évidence et ce, depuis le commencement.

- Tu as raison. Laissons-lui encore un peu de temps, approuva Jacob. Bon, il faut que j'aille relever Quil, il doit être crevé !

- Du nouveau ?

- Encore une trace. Qui ne mène nulle part.

Je fus surprise par la tournure qu'avait pris la conversation. Pour une raison que j'ignorais, les Quileutes étaient sur le qui-vive. M'étais-je à ce point isolée que j'avais occulté une chose aussi primordiale ?

- C'est étrange, reprit Edward. Peut-être quelqu'un qui veut s'établir...

- Dans ce cas, nous l'en dissuaderons.

J'entendis Jacob s'éloigner en courant tandis qu'Edward commençait à gravir les escaliers. Je m'éclipsai.

J'étreignis la main qu'il avait posée sur mon épaule et caressai une dernière fois les cheveux de Renesmée. Je me relevai de manière à lui faire face et lui adressai un sourire timide.

- Je t'aime, souffla-t-il.

- Tu me manques, lui répondis-je sur le même ton.