8. FEU DE CAMP (Partie XI)

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Son visage peiné se tourna vers la nuit silencieuse puis il se redressa lentement.

- Je ne le permettrai pas, assénai-je. C'est une possibilité que nous ne devons même pas envisager.

- Je ne pourrai jamais lui demander une telle chose, renchérit-il. Mais il est peut-être déjà trop tard.

- Tu crois qu'elle y a déjà pensé ? paniquai-je.

Mon estomac se tordit à la simple idée que ma belle-sœur puisse se sacrifier pour sauver Renesmée. Je savais qu'elle en aurait été capable. Je voyais désormais une autre cause probable à sa tristesse, face à sa soi-disant absence de vision lorsqu'Edward était parti. Au-delà du mensonge, elle savait au fond d'elle-même qu'elle avait peut-être le pouvoir de tout résoudre.

- Je pense, oui.

- Alice et Jasper ont filé sans même nous dire où ils allaient, réalisai-je en citant les propos du médecin.

- Tu crois sincèrement que Jasper aurait accepté de la suivre en Italie ?

- Tu as raison. Elle aurait préféré lui mentir plutôt que de l'emmener avec elle.

- Alors n'y pense plus, conclut-il en se relevant.

Edward fourra ses mains dans ses poches et s'avança jusqu'au bord de la falaise. Scrutant le lointain obscur, il garda le silence pendant plusieurs minutes.

- C'est tellement difficile à supporter, lâcha-t-il enfin. Tout ça. Je me demande comment tu arrives à gérer...

- C'est plutôt laborieux, confessai-je.

Il pivota dans ma direction et commença à me rejoindre.

- Je m'efforce de ne pas baisser les bras, mais je ressens une telle sensation de vide à l'intérieur de moi. J'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi-même et je n'ai plus qu'un immense trou au fond de la poitrine. Et il me détruit de l'intérieur.

Edward passa un bras autour de mes épaules et me serra contre lui.

- Je t'assure que tu es plus forte que tu ne le crois, déclara-t-il. En tous cas, tu es plus forte que moi.

- C'est faux, le détrompai-je.

- Je t'assure. Tu affrontes ça avec tellement de courage.

- Je n'ai pas le choix...

- Bien sûr que si. Tu aurais pu, comme moi, craquer et partir en Italie. Tu aurais pu me tenir tête et choisir de m'accompagner. Mais tu ne l'as pas fait. Moi, j'ai vécu ça différemment. J'ai d'abord été anéanti et puis rapidement, la haine a supplanté mon chagrin. Je l'ai laissée me guider dans mes décicions jusqu'à ce qu'elle me pousse à me rapprocher du problème. Je suis sûr que tu as été traversée par cette idée, mais tu t'es montrée plus raisonnable que moi.

- Quelle que soit la manière dont nous avons géré ça l'un et l'autre, la conclusion aurait été la même.

- La même ? s'étonna-t-il.

- Ça te surprend ?

- Quand je vois la réaction que tu as eue quand j'ai pris cette décision...

- Ça n'a rien à voir, expliquai-je. Jamais je ne serais partie seule.

- Tu m'en veux ? hésita-t-il.

- Bien sûr que non, fis-je en caressant son menton. Tes raisons étaient plus que légitimes. Je l'ai compris maintenant.

- Il n'empêche, tu traversais une période difficile, insista-t-il.

- Et le pire, c'est que j'en suis toujours au même point.

- Je comprends, acquiesça-t-il, compatissant. Tu commençais à peine à t'en remettre quand cette histoire nous est tombée dessus. Et je n'ai rien trouvé de mieux que de te laisser après ça.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant