4. RENÉE (Partie VIII)

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- Ce n'est pas terrible, avouai-je. Et toi ?

Charlie s'assit et fit mine de réfléchir.

- Comment es-tu entrée ? éluda-t-il.

Je m'installai en face de lui.

- Comment tu vas, papa ? insistai-je.

- C'est dur.

- La clé sous l'avant-toit...

- Quoi ? s'étonna-t-il.

- J'ai utilisé la clé sous l'avant-toit.

- Ah.

- Tu devrais manger avant que ça ne refroidisse, lui conseillai-je.

Charlie ne répondit rien et avala son petit-déjeuner lentement, sans qu'aucun de nous ne ressente le besoin de combler le silence. La sonnerie du téléphone nous fit tous les deux sursauter.

- Termine tranquillement, je vais répondre.

J'allai décrocher.

- Bella, c'est toi ? interrogea un ténor à l'autre bout du fil.

- Oui, Edward. Excuse-moi, je...

- Comment vas-tu ? m'interrompit-il.

- Ça peut aller, mentis-je. Mais j'avais besoin de venir ici. Je suis désolée, c'est vrai que je suis partie un peu précipitamment...

- Ce n'est rien, j'aimerais juste pouvoir t'aider.

- Tu m'aides déjà beaucoup, le rassurai-je. J'ai seulement besoin de temps.

- Appelle-moi si tu en ressens le besoin, me supplia-t-il presque.

- Je t'aime, Edward. Embrasse Renesmée pour moi.

- Je t'aime aussi.

Je reposai le combiné et repris place sur la chaise qui faisait face à Charlie.

- Comment va-t-il ? s'enquit mon père.

- Il s'inquiète.

- C'est normal, je m'inquiète aussi pour toi. Alors, ne rejette pas son aide.

Sa remarque m'irrita prodigieusement.

- Je ne le rejette pas ! fis-je en me mettant à pleurer. Je veux juste l'épargner.

Mes sanglots désordonnés nous prirent tous deux au dépourvu. Charlie reposa maladroitement sa fourchette tremblante et me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte et laissai libre cours à mon émotion. J'étais heureuse d'être enfin en mesure de l'exprimer. Mon père émit un juron étouffé et je le relâchai presque aussitôt.

- Excuse-moi, papa.

- Tu es si ... forte, Bella !

- J'aimerais te croire, répondis-je en cachant mon visage dans mes mains et en appuyant le sommet de mon crâne contre lui.

- Ce que j'essayais de te dire, c'est qu'il ne faut pas te replier sur toi-même.

- Tu fais la même chose... bougonnai-je.

- Tu es pourtant là, contra-t-il.

- Ce n'est pas la même chose ! m'entêtai-je. Pourquoi n'as-tu pas appelé Sue ?

- À ton avis, comment aurait-elle réagi en me voyant pleurer ta mère ? Toi, tu as... un mari, une famille, que tu n'as pas le droit de laisser tomber. Tu as des gens à qui... parler.

Je me redressai lentement et plantai mon regard dans celui de mon père. La lenteur avec laquelle il avait achevé sa phrase et son expression vide déclenchèrent mes frissons. Je compris que ce n'était pas là ce qu'il avait escompté dire. J'avais des gens à qui manquer. Des êtres qui m'aimaient avec violence - ce que je n'avais jamais très bien compris, d'ailleurs - et qui n'imaginaient pas leur vie sans moi. Charlie, lui, était seul, bien que ces derniers temps, il semblait avoir retrouvé un peu de bonheur aux côtés de Sue.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant