TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

9. POINT DE NON-RETOUR (Partie VIII)

Tout le monde s'était réuni dans la cuisine. L'incident qui s'était produit quelques minutes plus tôt était encore sur toutes les lèvres. Carlisle se montrait réellement étonné de la réaction de Jacob, même s'il la jugeait pourtant plus que compréhensible. Il jetait de petits coups d'œil accusateurs à sa fille, sans parvenir à y mettre assez de reproches cependant pour que nous y décelions un quelconque mépris.

Rosalie était d'ailleurs toujours en état de choc. Elle avait l'air réellement chagrinée par la tournure des évènements. Elle n'avait de cesse de répéter que son intention n'avait nullement été de s'en prendre à Jacob. Emmett continuait de la rassurer du mieux qu'il le pouvait.

Rose ne parvenait pas à contrôler les spasmes qui la secouaient inlassablement. Jasper, lui, n'ouvrait pas la bouche. Les sourcils froncés, il paraissait se battre contre le flot d'agitation qui nous avait submergés. Tous ses efforts restèrent pourtant vains. Chacun d'entre nous était dans un tel état d'excitation qu'il nous faudrait plus que cela pour nous calmer.

Je n'arrivais, pour ma part, toujours pas à réaliser ce qu'il venait de se produire. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer de la sorte ? Je m'en voulais surtout de ne pas avoir su réagir à temps. J'aurais pu essayer de raisonner Jacob, tout comme j'aurais pu empêcher Rosalie de le frapper.

Je tentais de me consoler en songeant que l'un et l'autre étaient tellement bouleversés qu'ils avaient eu une réaction outragée - surtout Jacob. Je sentais au fond de moi que ce terrible épisode n'était rien de moins qu'un avertissement, que je ne pouvais ignorer. Jacob était en train de sombrer petit à petit dans l'abîme de sa tristesse.

Ses émotions prenaient le dessus et cela devenait plus qu'inquiétant. Et dangereux. Une image s'imposa brutalement à moi. Celle de Sam arrachant le beau visage d'Emily. Le drame qui s'était noué à ce moment-là. Ce à quoi nous venions peut-être d'échapper il y a quelques instants. Rosalie se tenait si près de lui... et moi avec.

J'étais convaincue que si mon ami m'avait repoussée si violemment, c'était uniquement dans le but de me garder hors d'atteinte et non parce qu'il rejetait mon aide. Paradoxalement, il n'avait pas complètement renoncé à sa transformation, ce qui était plutôt bon signe. Car s'il venait à abandonner cette facette-là de son existence, cela impliquerait fatalement une renonciation totale à rester en vie.

Je vis Esmée redescendre les escaliers, un grand cadre à la main. Elle se dirigea vers le salon avant de l'accrocher à la place de celui qui avait volé en éclats. Ainsi, il ne restait plus aucune trace visible de l'incident.

Elle vint ensuite dans notre direction et se glissa à côté de son mari, non sans me frictionner les épaules au passage. Le médecin me lança d'ailleurs un regard indécis, cherchant visiblement à s'assurer que j'allais bien. Je lui adressai donc un petit sourire contrit en retour. Inutile de lui mentir davantage. Je n'arrivais plus à cacher mon désarroi et ma peine.