4. RENÉE (Partie XI)

219 26 7
                                    

Les mains sur les hanches, Charlie soupira en secouant la tête de gauche à droite.

- Bella, reprit-il, je crois que tu devrais rentrer chez toi. Je ne veux pas te voir à nouveau te morfondre dans cette chambre. Je n'aurais pas la force de le supporter...

- Je t'assure que ça n'a rien à voir, papa, insistai-je. Rassure-toi, ça n'arrivera plus !

- Tu me le promets ? soupira-t-il en s'appuyant sur le chambranle de la porte.

- C'est promis.

- Bien. Alors... bonne nuit, Bella.

- Bonne nuit, papa.

Charlie referma la porte et j'attendis qu'il ait regagné sa chambre pour reporter le téléphone à mon oreille.

- Tu es toujours là ?

Je n'obtins pour seule réponse qu'un silence pesant.

- Edward ?

Toujours rien.

- Je t'en prie, Edward, réponds-moi ! lui ordonnai-je à présent.

Après plusieurs secondes d'attente, le voix masculine qui m'était si chère reprit enfin la parole.

- Je t'ai tellement fait souffrir, déclara-t-il d'une voix dure. Je n'ai pas le droit d'exiger quoi que ce soit de toi après ça...

Son timbre vibrant était celui d'un condamné à mort.

- Je t'en prie, Edward ! m'énervai-je. Ne te fustige pas ! Je veux que tu oublies ça, d'accord ?

- D'accord, concéda-t-il.

- N'en parle plus jamais.

- Il faut que je retourne auprès des autres. Ils attendent de tes nouvelles.

- Dis-leur que je vais bien et... qu'ils me manquent aussi.

- Je t'aime, Bella, murmura-t-il.

- Je t'aime aussi, chuchotai-je.

Je raccrochai et jetai mon portable sur le lit. Puis, je posai ma tête sur le dossier du rocking-chair, fermai les yeux et me laissai bercer doucement. Lorsque je les rouvris, mon attention se porta sur le vieil ordinateur qui trônait sur le bureau. La souffrance, bien qu'elle ne m'ait jamais réellement quittée une seconde, s'empara de moi avec une férocité nouvelle lorsque je me rappelai qu'il s'agissait là d'une exigence de ma mère. Elle avait tenu à garder le contact lorsque j'étais venue m'installer au fin fond de la péninsule d'Olympic.

Je me levai et caressai le clavier du bout des doigts, lorsqu'un déclic se fit dans ma tête. Je n'avais jamais effacé les mails que nous avions échangés au cours des deux premières années. Si Charlie n'avait pas fait le tri - ce dont j'étais certaine - ces messages précieux se trouvaient toujours dans ce vieil engin délabré.

Je m'assis alors sur la chaise pliante et allumai l'ordinateur. La ventilation résonna dans la pièce, mais je m'en fichais. L'appareil était toujours aussi lent mais je ne pris pas la peine d'attendre que la connexion s'établisse. Je cliquai directement sur mon mail et tombai sur le tout premier envoi de ma mère. Tout était dit. C'était ça, Renée.

Je me mis à sangloter en silence, le cœur douloureux. C'était inutile, je ne m'en sortirais pas. Edward avait raison, je me mentais à moi-même. La promesse que j'avais faite à Charlie quelques instants plus tôt résonna dans mon crâne. Une fois encore, j'avais triché.

Rassemblant mes esprits, je cliquai sur le dernier message de la liste et, après un bref instant d'hésitation, le parcourus. J'en fis de même avec le précédent, puis avec celui du dessus, remontant jusqu'à mes tous premiers jours passés à Forks. Après ça, je me sentis soulagée. Pour ainsi dire.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant