4. RENÉE (Partie IV)

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- Nous avons laissé passer plusieurs heures, expliqua-t-il, mais j'ai commencé à m'inquiéter en voyant la nuit tomber.

- Je suis désolée, répondis-je d'une voix éteinte. Je ne me suis pas rendu compte qu'il était si tard. J'avais besoin de... réfléchir.

- Tu vas bien ? reprit-il, la voix déformée par l'anxiété.

- Je n'en sais trop rien, éludai-je, refusant de lui avouer à quel point je souffrais.

Pas question de l'impliquer dans le tourbillon des émotions douloureuses qui me submergeaient.

- Tu veux rentrer ? murmura-t-il alors.

J'appréciais qu'il me laisse le choix, mais je résolus que je ne pouvais tout de même pas me réfugier ici indéfiniment. Ce fut donc à contrecœur que je lâchai mon approbation. Je me laissai porter sans mot dire et ne me décidai à parler que lorsque nous fûmes proches de la villa.

- Edward ? chuchotai-je, incapable de m'exprimer de manière plus intelligible.

- Oui, mon amour ? me répondit-il d'une voix à peine plus audible que la mienne.

- Je ne veux pas que Renesmée me voit dans cet état.

- Ne t'en fais pas, répliqua-t-il, j'ai déjà demandé à ma sœur de l'emmener au cottage et de nous y attendre.

- C'est bien, soufflai-je.

Il ne me remit sur mes jambes qu'une fois le seuil de la grande maison passé, où Jacob faisait les cents pas, inquiet. Il jetait des coups d'œil nerveux à l'horloge du salon qui affichait vingt-deux heures quarante-huit. Une ride inquiète barrait encore son front lorsqu'il fit volte-face.

- Bella ! s'exclama-t-il en écarquillant les yeux. Mais qu'est-ce que...

Jacob s'était dirigé vers moi, mais Edward l'avait arrêté d'un geste de la main.

- Jacob, je peux te voir une minute ?

Mon ami gémit puis soupira. La détresse de son regard me poignarda en plein cœur. Pourtant, aucun son ne sortit de ma bouche et je lui adressai un regard qui se voulait être rassurant en pinçant les lèvres. Désireuse de replonger dans un état d'hébétude complet, je décidai de m'isoler à nouveau.

Je tournai donc le dos au moment où Jake laissait retomber ses bras le long de son corps en signe d'impuissance. Il souffrait, et il souffrait à cause de moi. Je me serais donné des gifles. Je grimpai la volée de marches avec une lassitude singulière avant de gagner la chambre d'Alice et de Jasper. La scène avait un goût de déjà-vu mais cette fois, je n'étais pas venue dérober, juste emprunter.

Je me dirigeai vers le grand placard et y dénichai une tenue plus ou moins sobre parmi la rangée de cintres suspendus. Alice me pardonnerait cet emprunt. Pire, elle y verrait là une faiblesse de ma part dans son combat quotidien. Je gagnai ensuite la salle de bain et tirai le verrou derrière moi. Je savais que personne ne viendrait me déranger ; la villa était vide.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant