TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

8. FEU DE CAMP (Partie VIII)

- M'éloigner de Forks me fait plus de bien que je ne l'aurais pensé.

- Je te comprends. Ça permet d'envisager la situation sous un autre angle, raisonna-t-il. La forêt, la villa, Forks toute entière te rappelle qu'elle n'est plus là, qu'elle ne fait plus partie du paysage. S'évader permet parfois d'y voir plus clair.

- Je n'en sais rien, doutai-je. Je me sens toujours autant prise au piège.

- Laisse-toi un peu de temps, répliqua-t-il.

- Ce n'est pas de temps dont j'ai besoin, c'est de mon enfant.

- Je t'ai dit que je la ramènerai, mais il faut encore que je trouve comment.

- Ne compte pas sur moi pour te laisser repartir, tranchai-je.

- En me rendant là-bas, j'avais le sentiment d'être plus près d'elle, avoua-t-il.

Il fallait reconnaître que je n'avais pas vu les choses de cette manière. Néanmoins, il était hors de question que je revienne sur ma décision.

- Tu peux me croire, enchaîna-t-il. Malgré tout ce que tu peux en penser, je n'ai pas agi sur un coup de tête. Je n'ai fait que modifier une partie de nos projets. Nous avions déjà décidé de ce que nous comptions faire. Je ne parle pas de Jacob, bien sûr.... J'ai simplement minimisé le danger.

- Minimisé le danger ? l'interrompis-je. Qu'est-ce que ça veut dire ?

- J'ai voulu m'en tenir au plan tout en vous sachant en sécurité. Souviens-toi de la vision d'Alice...

Les mots de ma belle-sœur me revinrent en mémoire. Mon dérapage, le combat, le massacre. Tout à coup, un déclic se fit en moi.

- C'est pour ça que tu n'as pas voulu m'emmener avec toi ? m'exclamai-je, frustrée. Tu avais peur que je dérape ?

- Bien sûr que non ! se révolta-t-il. Même si j'aurais pu craindre tes réactions, ce n'est pas ça qui m'a motivé à te laisser ici. Je ne voulais pas te mettre en danger, un point c'est tout.

- C'est la seule et unique raison ? insistai-je en fixant le brasier.

Edward ne répondit pas tout de suite. Il attrapa un morceau de bois sec qu'il fit jouer dans les flammes.

- Non. Je l'ai aussi fait pour Jacob.

Je ne m'attendais pas à cette réponse. En effet, je savais que Jacob était l'une des raisons pour laquelle il était parti, mais je ne voyais pas en quoi ma participation à ce voyage changeait la donne.

- Carlisle et Esmée devaient prendre soin de lui, lui rappelai-je.

- Mais tu oublies quelque chose. Aurais-tu seulement été capable de le laisser ici, vu l'état dans lequel il se trouvait ? Prends l'exemple d'aujourd'hui. Il va mieux, il n'est pas seul, il t'a poussée à le faire, et malgré ça, tu as rechigné à le laisser.

Ce ne fut qu'à cet instant que je réalisai le bien-fondé de son argument. Il avait entièrement raison et je commençais à en avoir assez de tirer les mauvaises conclusions, alors que son seul intérêt était de me préserver. En effet, comment aurais-je pu faire un choix pareil ? Aurais-je réellement été capable d'abandonner mon meilleur ami avec toutes les incertitudes qui l'entouraient ? Edward avait pris la décision que je n'aurais pas été capable de prendre.

- C'est vrai, admis-je.

- Et je savais que toi aussi, tu ne serais pas seule, renchérit-il. Je ne te cache pas que j'ai eu peur que cela ne te rappelle de mauvais souvenirs. Mais je savais que cette fois tu serais bien entourée. Que vous vous soutiendriez mutuellement.

- Ce n'est pas vrai pour tout le monde, fis-je remarquer en m'allongeant sur mes coudes.

La lueur rougeoyante du brasier faisait vaciller l'ombre d'Edward sur le sol, qui rétrécit brusquement lorsqu'il roula sur le flanc.

- Où tu veux en venir ?

- Rosalie n'est pas très conciliante.

- Ça ne m'étonne pas vraiment, répliqua-t-il d'un ton cassant. Qu'est-ce qu'elle a encore fait ?