- Bella, tu devrais arrêter de me materner comme tu le fais. Je sais que tu t'inquiètes pour moi, mais tu as entendu Carlisle...
- Tais-toi et mange, répliquai-je, inflexible.
- Ce sont les ordres du médecin ? ironisa Jacob en plantant sa fourchette dans sa tortilla.
- Non, ce sont les miens ! Alors, tu as intérêt à te dépêcher d'obéir sinon...
- C'est ce que je fais, me fit-il observer, la bouche pleine à présent.
- Hum, c'est vrai, reconnus-je. Je vois que tu n'as pas perdu ton appétit, en tout cas. Tant mieux, je préfère ça.
Mon ami haussa les sourcils.
- Tu préfères que je sois un goinfre, c'est ça ?
- Si tu ne mangeais pas comme quatre, tu ne serais pas vraiment toi-même, remarquai-je en haussant les épaules.
Ma réflexion lui arracha un mince sourire avant qu'il ne replonge dans ses pensées, là où je l'avais interrompu un peu plus tôt. Je le considérai quelques instants et pris conscience qu'il avait raison. Je le traitais comme un enfant plutôt que comme un convalescent.
Mais c'était plus fort que moi. Je ressentais désormais un manque dans la vie de mère que je menais jusqu'alors et je tentais de le combler de cette manière. Ce qui était nul. Mon attitude ne pouvait tromper Jacob et devait le faire culpabiliser. Il restait convaincu que la disparition de la petite était entièrement de sa faute. Moi-même, je ne pouvais m'empêcher de penser que j'y avais largement contribué. Et nous n'étions pas les seuls.
J'étais persuadée qu'Edward continuait à s'en vouloir malgré tout ce que je lui avais dit à ce sujet. Son départ en Italie en était une preuve irréfutable. J'étais incapable de croire qu'il s'en tiendrait à de simples explications. Il tenterait de faire plus que cela, peut-être même essaierait-il de prendre la place de Renesmée.
Je ne pus retenir plus longtemps la pensée que je tentais désespérément de repousser jusque-là. J'avais tu ce détail aux autres, de peur de nuire à son projet de partir, mais j'avais été terrifiée que ce ne soit là son réel dessein en se rendant là-bas. Cependant, je n'avais pas pris la peine d'en discuter avec lui, certaine qu'il aurait tout tenté pour m'amener à reconnaître que c'était là l'unique solution. À moins qu'il n'eut été amené à me mentir. Et je n'étais pas sans me rappeler ce qu'avait dit Esmée lorsqu'il avait été question d'en faire de même avec mon père.
Je comprenais plus que jamais ce qu'elle avait entendu par-là. Je préférais en effet ne rien savoir que de croire à un mensonge. Je n'étais pas censée savoir si mon mari avait ou non songé à cette éventualité mais j'étais prête à en jurer, il tenterait d'utiliser ce moyen pour ramener Renesmée à la maison.
J'avais de bonnes raisons d'avoir ce genre de certitudes. Je n'avais pas forgé mon opinion sur une idée lancée en l'air - j'avais moi aussi été traversée par cette pensée. Et nul doute que je l'aurais exécutée si Edward ne s'était pas montré le plus rapide, encore une fois. J'aurais dû me rendre à ma véritable nature, rester bornée et refuser. À présent, je rejetais tout le besoin d'agir qui bouillonnait en moi sur Jacob, lui qui était le plus à même de partager les tourments que nous traversions, Edward et moi.
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TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)
Fanfiction"Je me demandais combien de sillons le chagrin creuserait encore dans ma poitrine. Combien de temps encore allais-je devoir me débattre avec ma peine ? [...] Je me mis à sangloter en silence, le cœur douloureux. C'était inutile, je ne m'en sortirais...