11. FUITE (Partie XVIII)

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J'eus le temps de me demander qui de moi ou d'Aro le contrariait le plus en cet instant. En tout cas, j'étais certaine que si cela n'avait tenu qu'à lui, il m'aurait fait exécuter sur le champ. Le souvenir de la mort d'Irina se glissa insidieusement dans mon esprit.

- Bella, reprit l'ancien, toujours aussi aimable. Ne recommence pas, s'il te plaît. Je serais sincèrement fâché de devoir te tuer.

La sérénité avec laquelle il avait prononcé ces mots les rendait plus menaçants encore. J'étais réellement étonnée par son stoïcisme. Il se comportait comme s'il venait de gronder un enfant pris en flagrant délit.

- J'espère pouvoir te faire confiance, à présent.

- Oui, pense à ta famille, précisa Jane en esquissant un sourire méprisant, qui dissimulait mal l'ampleur de sa haine à mon égard.

Ma tête retomba sur ma poitrine et je ne répondis rien, terrassée par la souffrance. J'aurais dû réagir et ne pas m'écraser devant eux. Mais je n'en avais plus la force. C'était trop dur, je n'étais pas de taille à lutter. Aro dut faire un signe que je ne captai pas à Félix, car celui-ci me lâcha sans ménagement et recula de trois pas.

Mes mains heurtèrent le sol dur, et je restai dans cette position, comme écrasée par un poids invisible. J'étais tellement vulnérable face à eux, tellement inutile. Qu'avais-je bien pu espérer pouvoir faire contre eux, seule comme je l'étais ? J'avais été stupide.

- Je crois que tu ferais mieux de rentrer chez toi, me conseilla Aro. Je te répète que Renesmée est en sécurité. Elle est entre de bonnes mains. Je te fais la promesse qu'un jour, ta petite fille te reviendra. Et...

- Quand ? murmurai-je.

- Je n'en sais malheureusement rien, fit-il mine de s'excuser.

Sans plus rien pouvoir contrôler, je lâchai les sanglots que j'avais jusque-là désespérément tenté de contenir. J'avais pleinement conscience que cette promesse ne valait rien dans la bouche du vieil Italien.

Il n'y avait pas un mot de vrai là-dedans. Tant que les Volturi vivraient, je ne reverrais jamais Renesmée. Le trou noir dans ma poitrine gagna en puissance et parut envahir ma gorge. J'étais en train de suffoquer de l'intérieur.

- Démétri, reconduis Bella, s'il te plaît, ordonna son chef.

- Je t'accompagne, déclara la sœur d'Alec de son gazouillis enfantin.

Je me relevai maladroitement et aperçus le renforcement ostensible du sourire de Jane. Cette garce tirait un plaisir féroce à me voir souffrir à ce point. Démétri me poussa sans ménagement en arrière pour me faire avancer.

- Au revoir, très chère Isabella, crut bon d'ajouter Aro.

Tels furent ses derniers mots alors que je quittais la pièce sans me retourner. Hagarde, je fus escortée par les deux vampires jusqu'au hall, sans parvenir à arrêter mes sanglots désordonnés. La réceptionniste, qui avait momentanément quitté son comptoir, vint à ma rencontre. À nouveau, ma gorge se serra sous l'effet de la soif.

Démétri l'arrêta d'un geste de la main, l'air de lui ordonner de ne pas s'approcher plus que de raison. Visiblement, la jeune femme avait pour eux beaucoup plus d'importance que n'en avait Gianna. Peut-être possédait-elle déjà des facultés particulières.

- Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? demanda-t-elle pourtant avec un petit accent italien.

- Retourne à ton poste ! aboya Démétri en me plantant dans l'ascenseur.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant