TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

9. POINT DE NON-RETOUR (Partie IV)

Je doutais que sa venue ne s'en tienne à rendre visite à Jacob et je m'apprêtais déjà à recevoir la grêle de reproches qu'elle avait dû me réserver pour l'occasion. Mais une fois n'est pas coutume, je l'attendais de pied ferme. J'avais suffisamment le moral à zéro pour qu'elle y ajoute son grain de sel en me confrontant à ma culpabilité.

Aujourd'hui, je n'étais pas prête à me laisser faire sans réagir. Je me décidai à aller au-devant de nos visiteurs en constatant que Seth accompagnait sa sœur. En ce qui concernait ce dernier, sa visite était un vrai plaisir. Sa venue était ce qui nous manquait pour mettre temporairement nos problèmes de côté - à commencer par ceux de Jake. Je les rejoignis sur le pas de la porte d'entrée. Seth m'étreignit rapidement.

- Comment vas-tu ? s'enquit-il.

- Ça peut aller, le rassurai-je. Je suis contente que vous soyez là, ajoutai-je en croisant le regard de Leah.

J'avais employé le pluriel afin de ne heurter aucune sensibilité. Seth désigna l'intérieur de la villa d'un signe de tête. Je compris qu'il se renseignait sur l'état de Jacob. Mon expression mitigée dut le renseigner mieux que ne l'aurait fait n'importe quelle explication, compliquée à fournir en la circonstance.

Il entra brusquement dans la maison, sans attendre de voir si nous l'avions suivi ou non. Sa voix nous parvint presque immédiatement depuis le salon.

- Salut, Jacob, entendis-je s'exclamer l'Indien.

- Salut le môme, répondit mon ami, un peu de sa gaieté retrouvée.

- Tu tiens la forme ? s'enquit son interlocuteur, la voix légèrement éraillée par l'inquiétude.

- Je suis vivant, répliqua Jake, sarcastique.

- Oui, ça, je suis au courant, rigola Seth, pas tout à fait rassuré cependant.

- Oh, je t'en prie, soupira Jacob en constatant les craintes de son ami. Tu ne vas me faire du Bella qui s'angoisse pour un rien toutes les cinq minutes !

J'ébauchai un sourire. Je m'apprêtais à suivre le même chemin que l'adolescent pour aller prendre part à la conversation, lorsque je sentis le contact d'une main brûlante sur mon bras. Je dus recourir à toutes mes facultés de raisonnement pour me convaincre de ne pas repousser Leah brutalement, ce qui n'aurait pas manqué de déclencher une bagarre dont j'étais prête à me passer.

Elle ne semblait pas me vouloir de mal après tout. Son visage ne trahissait aucune émotion. Il n'y avait pas le moindre reproche ou la moindre colère dans sa voix lorsqu'elle ouvrit la bouche.

- Bella ? commença-t-elle.

- Oui, répondis-je en me dégageant adroitement de son emprise.

- Je voulais te dire... que j'étais désolée pour ce qui est arrivé à ta famille, lâcha-t-elle finalement, en me fixant droit dans les yeux. Ça ne doit pas être facile à vivre.

Sous le choc, ma mâchoire se décrocha. Que s'était-il passé pendant notre absence ? En l'espace d'une demi-journée à peine, les caractères de certaines personnes semblaient s'être, selon toute vraisemblance, corrigés.

Je ne m'attendais pas à ce genre de déclaration de sa part. J'aurais plutôt cru qu'elle m'imputerait la responsabilité des évènements. Sans me laisser le temps de lui répondre quoi que ce soit, elle plissa le nez et s'engouffra à son tour dans la villa, en me plantant sur le perron.

Une fois remise de ma surprise initiale, j'en fis de même, les idées confuses. À mon bon souvenir, c'était bien la première fois qu'elle avait une parole agréable et compatissante à mon égard.