TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

10. ABANDON (Partie VIII)

Je n'ouvris pas la bouche durant tout le temps que dura le trajet pour revenir jusqu'à la villa. Edward m'avait proposé de prendre le volant, ce que j'avais accepté avec soulagement. Même si j'en aurais été capable, je ne me sentais pas de conduire avec le millier de pensées qui tourbillonnaient dans ma tête.

Edward respecta mon silence mais je vis bien les petits coups d'œil nerveux qu'il jetait dans ma direction de temps à autre. Je faisais mine de regarder par la vitre du côté passager mais je voyais bien son reflet déformé par l'anxiété. Lorsque je tournais la tête dans sa direction, il s'empressait de reporter son regard sur la route.

Il s'engagea sur le petit chemin de terre et je fus tout à coup pressée de me retrouver entre les quatre murs de la villa. J'avais l'étrange sensation de me sentir à l'abri ici, à moins que ce ne fussent les murs de verdure encadrant le sentier qui me donnaient cette impression.

Toujours était-il que je mourrais d'envie de me blottir dans les bras d'Edward, confortablement installée dans le canapé. Brusquement, ce dernier entama un demi-tour contrôlé et je ne pus retenir un petit gémissement.

Sans égratigner la peinture de la Volvo - bien que j'eusse jugé la largeur du sentier bien trop étroite pour que la voiture puisse exécuter un volte-face sans entamer un arbre -, il repassa la première et repartit en direction de la route.

- Mais qu'est-ce que tu fais, Edward ? me plaignis-je d'une voix mal assurée.

- Tu verras bien, se contenta-t-il de me répondre, un étrange petit sourire aux lèvres.

Moins d'une minute plus tard, nous avions regagné la route. Je n'avais aucune idée de la direction qu'il prenait, pas plus que de l'endroit où il voulait m'emmener.

- Ne me laisse pas comme ça, insistai-je. Dis-moi où on va.

Edward se contenta de continuer à fixer la route. Il ne m'apporta pas la moindre réponse. Nous roulâmes donc pendant un moment sans échanger un mot et je haussai les sourcils lorsque j'aperçus le panneau à la sortie de la ville. Nous quittions Forks pour une autre destination.

Je m'appliquais à détailler Edward mais rien dans son attitude ne trahissait le moindre espoir de le voir flancher. Il conservait toujours son étrange sourire et évitait de me regarder trop souvent.

Je dus attendre une heure toute entière avant qu'il ne daigne m'adresser la parole. Mais il était trop tard. J'avais déjà deviné depuis plusieurs minutes son plan secret. J'avais aperçu l'océan qui se dressait sur notre gauche, puis j'avais reconnu les premières maisons de la ville.

- Port Angeles ! m'exclamai-je, surprise.

Edward me jeta un regard en biais puis éclata d'un rire que je ne lui connaissais plus.

- Je savais que ça te plairait, rigola-t-il.

Je reconnus derechef la longue promenade. Edward bifurqua à plusieurs reprises et se gara finalement sur un petit parking éclairé par de gigantesques lampadaires.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demandai-je.

Une fois encore, il m'ignora royalement et descendit de la voiture. Je poussai un soupir, exaspérée. Il gagna mon côté à une allure humaine et m'ouvrit la portière. Je le regardai fixement, bien décidée à ne pas bouger tant qu'il ne m'aurait pas donné d'explication.

- Viens, lâcha-t-il avec une pointe d'autorité.

Constatant que je ne m'y prenais pas de la bonne façon, j'obtempérai. Je sortis de la voiture et il referma la portière. Il m'attrapa par la main et se mit en route, sachant visiblement où il voulait m'emmener. Au bout de quelques secondes de silence, l'impatience me gagna.

- Edward... commençai-je.