10. ABANDON (Partie II)

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Je ne sus dire si ce reproche était adressé à Rosalie ou non. Quoi qu'il en soit, celle-ci éclata de rire, ce qui me fit presque l'effet d'un choc. Je n'avais plus entendu ce son depuis bien longtemps, un rire aussi franc et délibéré.

Depuis la mort de ma mère, je n'avais plus entendu une telle expression de gaieté. Cette musique était belle. Je me promis de ne plus l'oublier, même si les occasions de l'entendre à nouveau n'étaient pas prêtes de se représenter.

Un sourire s'épanouit sur mon visage avec une facilité déconcertante, alors que cela me semblait interdit depuis les récents évènements. Je n'avais pas dû forcer ce sourire, ce qui était une grande première pour moi. Il se renforça un peu plus lorsque je vis qu'Alice s'était élancée à ma poursuite. Ses yeux étaient devenus plus brillants, une expression mi-amusée, mi-outragée éclairant son visage.

Nous passâmes ainsi un long moment à parcourir la forêt, sans la moindre crainte de nous perdre, l'esprit vide de toute autre préoccupation que de pourchasser ou d'être pourchassé. Je grimpais parfois aux arbres, sautant de branches en branches, avant de retomber sur mes pieds.

Ma belle-sœur ne se laissait pas déconcerter et continuait de me poursuivre. Alors que je répétais cette opération pour la troisième fois, je reçus un coup de poing dans le ventre en atterrissant au sol. La respiration coupée, je me figeai. Sans m'en rendre compte, j'avais poussé cette course poursuite jusqu'au lieu où Renesmée et moi nous étions baladé une fois, bien avant que les complications ne surgissent.

L'abri naturel était toujours caché au milieu de la végétation, rendue plus florissante que jamais par la pluie ininterrompue de ces dernières semaines. Sans vraiment savoir pourquoi, je m'attendais presque à voir Renesmée assise sur le rocher, me tendant la main pour que je vienne la rejoindre.

L'émotion fut trop lourde et je dus m'appuyer contre un arbre pour ne pas tomber. Je m'effondrai sans pouvoir m'empêcher toutefois de rencontrer progressivement le sol. Alice me rejoignit en moins d'une, dépassée par la situation. Elle s'accroupit près de moi et me prit dans ses bras.

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta-t-elle.

- Renesmée, articulai-je au milieu de mes sanglots.

Je vis bien qu'elle ne comprenait pas les causes de ce subit retour à la réalité, mais elle n'en fut pas moins réconfortante.

- Désolée, chuchota-t-elle. Allez, viens, on rentre.

Je repris quelque peu le contrôle de moi-même à ces mots.

- Alice, lui demandai-je, n'en parle pas à Edward, s'il te plaît.

- Je n'y penserai pas, me promit-elle en me frictionnant le bras.

- On n'aura qu'à dire que tu as réussi à m'attraper, tentai-je de sourire, sans succès cette fois. Comme ça, je serai obligée d'essayer tout ce que tu voudras.

- Ce n'est pas le moment, observa-t-elle en me scrutant d'un regard plein de compassion.

- Si, répliquai-je fermement. Aide-moi, Alice, je t'en prie. Tu dois m'aider, la suppliai-je.

- D'accord, d'accord, me calma-t-elle, un peu étonnée par cet appel au secours si direct. On sauvera les apparences. Mais je n'y arriverai pas sans toi.

- Ne t'en fais pas, assurai-je en essayant de retrouver une expression normale.

Je n'avais plus qu'une idée, préserver Edward de la vue de mon chagrin. Il avait déjà suffisamment de difficulté à gérer le sien, je ne voulais pas être la cause d'une nouvelle source d'inquiétude pour lui. À moitié soutenue par Alice, nous repartîmes en direction de la villa.

TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant