L'aveugle végétait dans son lit, les yeux rougis par la peine monumentale que son cœur abritait. Il se sentait aussi vide que l'univers, aussi perdu qu'une planète solitaire abandonnée de sa galaxie, et cet espace de vide et de noirceur, c'était celui qui s'offrait à son regard invalide. Jimin était son étoile, celui qui illuminait son ciel, mais l'étoile était désormais voilée, et tout ce que le brun espérait, c'était qu'un nouveau jour se lève au plus vite.
Son corps était parfois secoué des brefs tremblements de ses sanglots et il se sentait plus faible que jamais, plus détruit à l'intérieur qu'à l'extérieur.
C'était comme lorsqu'on lui avait appris que sa cécité l'accompagnerait tout au long de sa vie. Il se sentait désespéré et avait le sentiment qu'il n'y avait aucune issue.
Quoiqu'il fasse, Jimin partirait ; tel était le sentiment qui habitait à présent son âme.
Le jeune homme s'était recroquevillé : il avait besoin de chaleur, d'une présence, son amant lui manquait cruellement non parce qu'il était parti une vingtaine de minutes plus tôt, mais bel et bien parce qu'il pensait ne plus jamais l'avoir auprès de lui. Cet ultimatum était stupide, jamais il n'aurait dû le lui poser, Jimin était bien trop réfléchi pour privilégier ses sentiments, si forts fussent-ils.
Alors Yoongi prit son téléphone, bien décidé à faire comprendre à son amant que le choix ne tenait plus. Il serait patient, il l'attendrait, il ne voulait pas le bousculer et le mettre face à un mur.
Les sonneries se succédèrent, et alors qu'il sentait de nouveau son cœur se faner en constatant que Jimin ne répondait pas, il entendit la sonnerie du téléphone de son amant au loin, probablement dans le couloir de l'immeuble. Il se redressa aussitôt, attendit d'interminables secondes aux aguets, priant pour entendre la porte s'ouvrir, mais rien ne se passa.
Yoongi se redressa, les sourcils froncés, et demanda une fois de plus à son téléphone de composer le numéro de l'infirmier.
De nouveau, il crut entendre la sonnerie de Jimin, à peine audible (pour une fois il se réjouit de l'épaisseur déplorable des murs). Mais il n'eut pas le temps de faire un pas qu'il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et des pas se diriger directement à sa chambre.
Il crut bien sentir son cœur se décrocher quand sa porte s'ouvrit, il resta debout, statufié, bien trop anxieux des mots qu'allait prononcer le blondinet. Or avec lui, d'autres pas se firent entendre.
« Chim, qu'est-ce que tu voulais nous montrer ? demanda la voix de Taehyung avec inquiétude. Pourquoi t'as l'air d'avoir chialé et... Yoongi ? Bon qu'est-ce qui se passe ? »
L'aveugle essuya ses yeux d'un revers de la manche et serra les dents, gêné de s'être ainsi montré sans le vouloir à ses deux voisins – car au bruit des pas, il sut que Baekhyun, bien que silencieux, était là aussi.
« Hyung, je suis désolé, souffla Jimin. Je veux que tu saches que tu comptes plus que n'importe qui pour moi. »
Il n'eut pas le temps de répliquer que les bras puissants de son infirmier s'enroulèrent autour de son corps tandis que le jeune homme liait leurs lèvres sans témoigner de la moindre trace d'hésitation. Il en resta muet, incapable d'esquisser le moindre mouvement, le cœur battant. Tout son être vibrait de soulagement dans une sensation à peine tenable qui lui donnait l'impression que la moindre fonction vitale de son corps s'était stoppée sous le coup de la surprise. Le monde lui-même aurait pu s'arrêter, la Terre aurait pu cesser de tourner, le soleil de briller et l'air de se renouveler ; plus rien n'existait, rien pas même le temps, tout s'était stoppé pour eux, avec bienveillance, pour faire durer ce moment une éternité.
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Du bout des doigts [Yoonmin]
Fanfiction[Terminé] Suite à un accident, Yoongi avait perdu sa vue et sa joie de vivre. Il avait la sensation que sa cécité l'avait privé des beautés de ce monde et il n'avait plus goût à rien d'autre qu'à la musique, passant ses journées à jouer du piano che...