Chapitre 150

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« C'était absolument dingue, » souffla Yoongi.

Dans ses écouteurs il entendait Jimin reprendre lentement sa respiration et, la main sur le corps, il songeait à tout ce qu'ils venaient de faire, tout ce qui venait de se passer. Ces mots suaves, ensorcelants, cette tentation qui avait vaincu toute pudeur, ça avait été incroyable. Il enfila rapidement un bas de pyjama duquel sa chaleur corporelle encore élevée lui permettait de se contenter, et il chercha à retrouver complètement son souffle lui aussi.

« Hyung...

- Ta voix quand tu as joui était superbe, sourit Yoongi, même ce téléphone n'a pas été en mesure de l'enlaidir.

- Alors ça t'a plu ?

- Bien sûr, t'as pas aimé toi ?

- Si, si, bien sûr ! se rattrapa Jimin. Mais... je voudrais que ce soit ton corps que je touche.

- Moi aussi. Dors maintenant p'tit ange, si tu vas travailler de nuit sans t'être reposé, tu seras crevé.

- Je suis plus un gamin, Hyung, ricana le petit infirmier.

- Alors reste avec moi.

- Tu veux parler de quoi ?

- J'ai pas envie de parler. »

Étonné, l'infirmier ne répondit rien, mais quand, dans les écouteurs qu'il avait lui aussi branchés à son téléphone, s'élevèrent les premières notes de piano, il sourit doucement. Étendu nu sous un drap fin, seul son buste qui se soulevait encore de façon saccadée était visible. Et tout son être fut violemment ému.

Yoongi se sentait plein d'un sentiment qui combinait bonheur, soulagement, et une sorte d'étrange satisfaction qui lui donnait envie de s'exprimer. Mais les mots n'étaient pas assez puissants, pas assez harmonieux, alors il laissait ses doigts parler sur son clavier d'ivoire et tout à coup, c'était comme s'il déversait toute son âme dans ces sons délicats. Il jouait tout ce qu'il avait à dire, ses paroles se faisaient musique et chaque lettre était une note.

Jimin entendait dans cette mélodie le moindre de leurs baisers, il entendait ces sourires qui pouvaient sembler anodins, il entendait ces regards pleins de tendresse et il entendait plus encore tous les « je t'aime » du monde que contenait un seul des accords du pianiste.

Le brun, les yeux puissamment fermés, revivait chacune des émotions, chacun des souvenirs qu'il exprimait, et son cœur tambourinait dans sa poitrine avec la même rage qu'un éclair déchirant le ciel nocturne. C'était d'une force bouleversante qui l'obligeait à frapper les touches plus qu'à les caresser, c'était une passion charnelle qu'il décrivait, un amour sans borne qui était aussi plaisant que douloureux, un amour que seuls des aigus lancinants contrebalancés par des graves languissants pouvaient exprimer.

L'être du blondinet en était affolé tant il vibrait sous l'influence de cette incroyable musique. C'était inqualifiable et pourtant si magnifique, et à mesure que les secondes s'écoulaient, la musique se faisait plus douce, traduisant des sentiments apaisés et un besoin désespéré d'amour.

Yoongi en effet, une fois la violente passion de son cœur avouée, ne ressentait plus qu'une mélodieuse douleur à laquelle faisait écho, comme s'il lui répondait, un eurythmique amour. Et les sons s'enchaînèrent, guidés par une force inconnue qui semblait dessiner en son cœur la partition d'un cri d'amour qui se taisait peu à peu. Quand la dernière note sonna, douce et agréable, Yoongi demeura un instant immobile avant de reporter son regard sur son téléphone laissé à côté de lui. Il prit l'appareil et s'empressa de s'enquérir de l'avis de son ange au sujet de cette mélodie.

Jimin s'était paisiblement endormi, réconforté par les douces paroles du piano, et ses écouteurs ne lui permirent que d'entendre un « dors bien mon ange » avant que la communication ne soit coupée par son aîné.

Du bout des doigts [Yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant