Chapitre 145

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« Bon Yoongi, du coup...

- Ferme ta gueule, » la coupa-t-il en allant à sa chambre.

Hyejin baissa les yeux sur la poignée de la porte d'entrée qu'elle venait à peine de fermer et poussa un long soupir : une fois qu'il avait été temps pour Jimin de partir à l'aéroport, chacun des deux amants avait su contenir sa douleur, et ils s'étaient simplement embrassés en échangeant un touchant « à dans six mois » qui avait remué profondément la jeune femme.

Diplômée en même temps que Jimin, elle avait fait sa demande de mutation à ce moment-là, autrement dit un mois et demi plus tôt, et maintenant c'était un autre qui était en ce moment même en train d'attendre l'avion qu'elle était supposée prendre. Son supérieur n'avait eu aucun mal à changer les noms sur les documents – c'était même à se demander comment il avait fait – et Jimin avait docilement signé les papiers la veille au soir, obéissant à son patron sans rien dire.

Et elle, elle se retrouvait désormais avec une âme en peine qui venait d'être séparée de sa moitié. Or cette âme en peine était aussi visiblement très agacée – chose que Hyejin pouvait comprendre sans mal. La jeune femme avait, contrairement à Jimin, choisi d'être infirmière par vocation, elle avait envie d'aider les autres à aller mieux. Et pour l'instant, outre les difficultés de Yoongi liées à sa cécité, tout ce qu'elle constatait, c'était que pour l'aider il allait lui falloir beaucoup de courage.

D'avance elle savait qu'elle ne pourrait pas se positionner en « remplaçante », elle savait que dans un tel cas, essayer de remplacer Jimin allait encore plus énerver l'aveugle. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était essayer, essayer de faire son travail et d'aider son patient.

« Mon oncle a subi un grave accident il y a trois ans, dit-elle alors d'une voix forte pour que l'aveugle l'entende. Il ne pouvait plus marcher, il devait faire de la rééducation, mais il n'avait pas envie, lui tout ce qu'il voulait, c'était faire de la course à pieds, il en faisait en compétition, il est encore très jeune comparé à mes parents, il avait des espoirs, des rêves, des objectifs. Mais tant qu'il ne faisait pas au moins un an de rééducation, il ne pouvait plus courir et peinait même à marcher. Le simple fait d'imaginer faire tous ces efforts pendant un an le décourageait, et puis un jour, il a voulu courir, un déclic. Il était motivé, je ne sais pas où il a trouvé toute cette force, parce qu'en cinq mois il avait retrouvé ses capacités. En cinq mois au lieu de douze. »

Sa tirade, elle l'avait achevée devant la porte de la chambre dans laquelle s'était enfermé l'aveugle, et elle posa doucement une main sur la poignée, espérant recevoir l'autorisation d'entrer, espérant un signe encourageant de la part de Yoongi. Mais il n'y avait rien. Le brun demeurait muet.

Alors elle s'écarta et alla à la cuisine, dépitée.

Yoongi n'était pas sorti de la journée, il n'avait rien avalé d'autre qu'un paquet de chips goût barbecue qu'il était venu piquer dans un placard – visiblement, il connaissait bien cet emplacement, aussi Hyejin avait-elle noté sur un papier de lui acheter ces gâteaux apéritifs la prochaine fois qu'elle irait en course.

Elle s'était échinée à préparée des plats aux fumets exquis qui cependant n'avaient pas su tirer Yoongi de sa pièce, et elle avait finalement préféré abandonner plutôt que de lutter vainement : pour aujourd'hui, elle l'avait compris, elle ne tirerait rien d'un jeune homme qui avait probablement en ce moment même la sensation d'avoir perdu l'être qui lui était le plus cher.

Quand son téléphone sonna, elle alla voir qui lui avait envoyé un message et tomba sur Taehyung :

« Salut Hyejin, je voulais simplement savoir comment allait Yoongi depuis le départ de Jimin, je m'inquiète pour lui. :/

Du bout des doigts [Yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant