Du bout des doigts [Yoonmin]

Chapitre 20

Triple update today... parce que je vous love. <3

Bon c'est vrai, mais la raison principale c'est surtout que j'avais juste trop hâte d'avoir votre avis sur ce chapitre. XD

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Yoongi s'était très légèrement énervé, et le riz avait peut-être fini par terre avec les débris du bol dans lequel il se trouvait, c'était probablement ça qui expliquait la jolie baffe que l'aveugle venait de recevoir. C'en était trop cette fois-ci, l'infirmier n'en pouvait plus de supporter ses sautes d'humeur.

« T'en a pas marre d'être con ! s'énerva Jimin à son tour. Du matin au soir je fais tout mon possible pour essayer d'être sympa avec toi, et chaque fois tu me vires comme un malpropre. J'ai fait quoi sérieux ! C'est quoi ton putain de problème avec moi ! Pourquoi tu n'arrives pas à reconnaître que t'es bien content que je sois là pour te servir de bonne à tout faire, hein ! Je me laisse marcher sur les pieds sans cesse mais bordel j'en ai marre !

- Eh Park, qu'est-ce qui t'arrive sans rire ?

- Ce qui m'arrive ? C'est qu'après bientôt dix jours, tu continues d'être un sombre connard alors même que je vois bien que ce n'est pas ça que tu es. T'as beau essayer de me faire croire le contraire, je sais que t'es pas un emmerdeur, alors j'aimerais bien que tu arrêtes de te comporter comme tel ! Que tu sois un peu froid ou distant, je veux bien le comprendre, je sais que tout le monde ne se réjouirait pas à l'idée qu'un inconnu s'incruste dans sa vie, mais que tu te montres aussi malpoli, c'est juste plus possible, tu peux le comprendre ça ou bien t'es vraiment trop con !

- Je te jure que ça va vraiment mal se passer entre nous si tu te comportes comme ça, s'emporta Yoongi à son tour. Tu crois que ça me fait plaisir de me sentir comme un gamin dont on doit s'occuper et à qui on doit réapprendre absolument tout ! Tu crois sérieusement que ça m'éclate d'être un sale con aux yeux de tout le monde et même de ceux qui me connaissaient avant mon accident ! Tu crois que ça m'a fait rire de devoir rester des mois à l'hôpital et d'entendre jour après jour qu'on allait essayer de savoir si telle intervention pourrait ou non me rendre la vue ! Bordel est-ce que tu imagines deux secondes l'état dans lequel je pouvais être chaque fois qu'on m'apprenait que pour telle ou telle raison c'était pas possible d'intervenir ! Tu crois sérieusement que j'ai kiffé qu'on me donne jour après jour de faux espoirs !

« Je voudrais juste que pour une fois en presque un an on me laisse en paix ! C'est vraiment trop demander ! Putain mais est-ce que tu arrives à te figurer à quel point ça a gâché ma vie de monter sur ma moto ce soir-là, il y a près de quatre cent jours ! Pas une fois je ne me suis senti normal depuis, mais bordel c'est tout ce que je demande, je voudrais juste pouvoir oublier cette putain de cécité ! Le problème, c'est que dès l'instant où j'ouvre les yeux le matin, je... je vois l'obscurité la plus totale ! Rien, je ne vois rien, et c'est comme si ma conscience me criait que désormais, je ne verrais plus jamais rien ! J'en ai marre de ne rien voir, de ne rien savoir faire ! Tu peux imaginer ce que ça te ferait, à toi, d'être aveugle ! Alors plutôt que de m'emmerder, essaie un peu de te mettre à me place, demande-toi si tu aimerais vivre tout ce que j'ai vécu, Park. »

Ce dernier mot, il le cracha comme s'il s'agissait de venin et, furieux, il s'en retourna dans la chambre d'amis. Cette fois-ci, il avait vraiment envie de tout briser autour de lui, il voulait enfin exprimer toute la rage qui s'était emparée de lui. Il se laissa tomber sur le sol de cette pièce et ce qui fut l'objet de sa rage, ce fut ce qui lui rappelait le plus douloureusement sa cécité. Les unes après les autres, il déchira chacune des foutues partitions posées sur le sol et qu'il avait accumulées avec tant de fierté au fil des années. De toute façon elles ne lui seraient plus jamais utiles à rien, comme ses yeux, alors pourquoi s'emmerder à les entreposer, à en prendre soin. Des larmes de rage dévalaient ses joues pâles vaguement rougies par la colère et la douleur. Il ne se rendait pas même compte de ce qu'il faisait, des trésors qu'il réduisait en vulgaires morceaux qu'il froissait et sur lesquels se répandaient ses larmes, laissant derrière elles de petits sillons d'encre noir.