Du bout des doigts [Yoonmin]

Chapitre 129

Jimin alla dans leur chambre d'amis et, de peur de saisir des bribes de conversation qui le paniqueraient, Yoongi mit ses écouteurs et demanda à son smartphone de démarrer sa playlist. Il commençait sincèrement s'inquiéter d'un possible départ de son infirmier ; qu'est-ce qu'il deviendrait sans lui ? Enfin quelqu'un lui donnait l'envie de s'en sortir, enfin il ne se sentait plus comme un minable tout juste bon à se laisser mourir pour ne plus être un poids pour les autres. Et voilà que de nouveau le soleil allait disparaître derrière les nuages.

Pourtant cette fois-ci, il ne voulait pas se lamenter sur son sort, il voulait aller de l'avant, garder espoir ; Jimin déjà semblait ne plus croire en un avenir pour eux, alors l'aveugle décida que lui allait y croire. Si son infirmier n'était plus capable d'être optimiste, alors il le serait pour lui car ils se complétaient et qu'ils s'apportaient un soutien mutuel lors des épreuves les plus difficiles. Celle-ci ne ferait pas exception : s'ils devaient être séparés, alors soit, Yoongi attendrait qu'ils soient de nouveau réunis, comme il l'avait promis à son Jimin.

Parce qu'il ressentait envers lui des sentiments tels qu'il savait que sans espoir, il ne pourrait que se laisser sombrer de nouveau. Il n'était pas du genre à vouloir que son bonheur dépende uniquement d'une relation, mais Jimin justement n'était pas uniquement une relation : il était un soutien, il était celui qui le poussait à redevenir celui qu'il était jadis, il était celui qui savait exactement quoi dire pour le consoler, comment agir pour l'aider, et quoi faire pour lui permettre de se sentir délesté du poids de sa cécité. Jimin était plus que son infirmier ou son petit-ami : il était le seul capable de l'empêcher de se noyer dans un océan obscur. Donc de lui dépendait le bonheur de Yoongi, et ce dernier en était parfaitement conscient.

Jimin l'avait poussé à jouer du piano, à renouer avec ses amis, à redécouvrir les plaisirs de la moto, à se laisser aller dans ses bras pour retrouver goût au bonheur charnel.

Et il avait lu. Jimin lui avait lu un livre sans que Yoongi ne le repousse.

Plus que son habileté c'était son envie de vivre que son infirmier lui avait permis de retrouver.

Il tourna son visage vers la chambre dans laquelle était Jimin, comme si de cette façon il pouvait tenter de saisir l'entièreté de la conversation. Mais il n'entendait rien, alors même qu'il savait au fond de lui que ce qui se disait, ce n'était pas anodin.

Jimin avait le poing serré et l'autre main occupée par son téléphone lorsqu'il décrocha :

« Allô ? hasarda-t-il.

- Park Jimin ?

- Oui c'est moi.

- Monsieur Park, reprit son chef de service, l'hôpital se désole d'entendre à votre sujet et à celui de votre patient toute sorte de rumeurs qu'il serait fort ennuyeux de savoir réelles.

- Quel genre de rumeurs ?

- Votre patient est bel est bien le fils du patron de la compagnie Min, n'est-ce pas ?

- Oui, Min Yoongi est mon patient depuis plus d'un mois.

- Et comment se porte-t-il ?

- Il a recommencé à se nourrir correctement et a fini par accepter l'aide que je me propose de lui apporter, je trouve qu'il fait des progrès considérables.

- En est-il satisfait ?

- Oui je pense. Comme vous voyez, je suis le seul qui ai réussi à passer plus de deux semaines avec lui, répliqua Jimin toujours sur la défensive.

- Et est-ce que cela est du son envie de s'en sortir ou bien à l'amour qu'il vous porte ? »

Voilà, le sujet venait d'être lancé ; Jimin ne pouvait plus reculer.