.Antrav.

.7.

.Soraya.

L'énorme psyché murale disposée dans le dressing me renvoya une image satisfaite de la tenue que j'avais choisie. J'empoignai un sac seau noir en bandoulière signé Yves Saint-Laurent et sortis de la garde-robe standard. Je rassemblai mon portable, mon portefeuille et quelques effets personnels. Rafaël déjà vêtu de son costume bleu qui affinait sa silhouette, ajustait le poignet de sa chemise.

- Tu emportes ton livre? Remarqua-t-il

J'arrêtai le geste et le reposai sur la table de nuit.

- Je l'ai pris par mégarde.

- Hum, c'est lui sur la couverture? Le jeune homme. Continua-t-il.

Je fis la sourde oreille, en lui demandant de me passer L'Ipad. Son Iphone de série quatorze résonna. Il me tendit la tablette et décrocha à l'appel. Je soupirai de soulagement et descendis les marches pour me rendre dans la cuisine modernisée. Je nous servis deux cafés et mis à disposition deux croissants frais. Il me rejoignit des minutes plus tard et s'accapara de son mug fumant.

- Alors? Tu vas parler au Dr Bouchereau? Lui Demandai-je

- C'est déjà fait !

Je fronçai mes arcades sourcilières

- Quand ça? Je ne t'ai pas vu faire.

- Hier Soraya, quand tu dormais.

- Et tu lui as parlé à une heure si tardive ?

Il leva son regard noisette vers moi et répliqua :

- Si je t'ai dit que je l'ai fait, c'est que je l'ai fait. Il dit qu'il faut que tu continues à boire ces thés, c'est ce qu'il y a de mieux pour toi, et je suis également médecin Soraya, nous sommes avisés sur le sujet, et j'ai confiance en lui.

J'expirai bruyamment...

- Dans ce cas donne-moi son numéro, ou son adresse... j'irai dans sa clinique pour lui parler personnellement, c'était lui qui s'occupait de mon cas, avant que tu ne me prennes en charge....

- Je suis neuropsychiatre et tu me traites comme si je racontais des paroles en l'air !!!

- Non Rafaël ! Je connais ta valeur. Juste que je pense qu'on aurait pu contacter le Dr Guérin au moins!  Lui, il me suit depuis l'accident de mes parents ! Il pourrait peut-être m'apporter une meilleure aide, que le Dr Bouchereau! On est plus au temps des colonies à prescrire des thés...

- Le Dr Bouchereau à plus de cinquante ans d'expérience, et je travaille de concert avec lui, pendant plus de cinq ans Soraya. C'est lui qui avait pris d'urgence ton dossier, lorsque tu t'étais évanouie et passée un mois dans le coma. À l'époque de Guerin, tu étais une adolescente, et les causes étaient différentes !

- En quoi étaient-ils différents si la racine de mon problème reste mon traumatisme !

- Il ne t'a pas vue depuis plus de huit ans maintenant. Raisonne Soraya ! Dis-moi de quoi tu auras l'air à apparaître devant lui pour lui sortir toutes ces inepties ? Ma femme en plus Hum ? Attends qu'il revienne de son voyage...

- Oui, mais il a un téléphone... Tu as bien communiqué avec lui Rafaël. Contestai-je à bout de nerfs

- Écoute, il faut que je parte, on en parlera plus tard à mon retour. Tu préfères que je te dépose ou tu y vas seule?

- J'irai seule.

Son regard devint froid, il s'approcha toutefois de moi, me posa un baiser sur le front en me soufflant un je t'aime que je répondis faiblement. Il abandonna l'appartement, en laissant flotter derrière lui son parfum Gentleman Givenchi. Je me précipitai là-haut dans notre chambre, et me mis à fouiller dans tous les tiroirs à la recherche d'un bloc note ou de quelques choses qui pourraient m'indiquer le numéro ou l'adresse du Dr Bouchereau, mais rien. Je saisis mon portable et composai le numéro de ma meilleure amie. Elle répondit au premier coup de sonnerie, sa voix était légèrement endormie :