.42.

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.Gayel.

Je pris une profonde inspiration en tripotant mon portable. Je n'avais malheureusement pas eu le courage de me rendre au pique-nique d'Olivier, je lui avais appelé afin de lui dire que je ne pouvais malheureusement pas venir en prétextant un mal de tête et j'avais de préférence opter pour l'invitation de Soraya. Il avait eu une once de déception dans la voix, mais avait été compréhensif. J'avais dit oui sous un coup de tête, sur le coup des émotions agréables que j'avais éprouvé à sa compagnie, sur l'effet basorexia, que j'avais ressentis auprès de lui; sans réfléchir aux éventuelles conséquences. Je sais que j'aurais adoré pique-niquer avec lui, cependant en rentrant à la maison, ma conscience s'était amusée à faire surgir des idées noires de culpabilité dans mes pensées. Il restait l'ex de ma sœur! Les conventions sociales stipulaient que les amis et les membres de la famille de votre ex sont interdits ; peu importe quelle en était la nature . En l'occurrence sortir avec Olivier, serait désagréable aux yeux de Yaël ! Je connaissais ma sœur, elle pétait des crises pour les pires banalités ! Et je pense que c'est extrêmement mal visé de me lancer dans quelque chose avec lui, tout juste après leur "rupture".Il avait lui-même fait le raisonnement, tout juste après m'avoir invité ! Faire appel à la voie de la sagesse est selon moi plus raisonnable. Depuis, je n'avais pas eu de ses nouvelles...

Cependant, je continuai à triturer mon téléphone, parce que même à la plage, je n'avais pas arrêté de penser à lui et du comment aurais été notre pique-nique, si je m'étais rendue. Je mourrais d'envie de l'appeler en cet instant. Je soupirai. J'avais le cul entre deux chaises ! Autant je ne veux pas créer des problèmes dans ma famille pour un mec autant je me sens super bien avec lui et je n'ai pas envie d'arrêter cette histoire, qui débutait à peine...

J'exhalai et nerveusement composai  son numéro de téléphone. Il sonna à mainte reprise, sans réponse ! J'essayai deux fois de suite, puis lâchai l'affaire ! Peut-être qu'il avait trouvé flagrant lui aussi, de me demander un date, ou ses sentiments pour Yaël était trop intense, et il avait fini par remarquer que c'était une bêtise. Je replongeai mon nez dans mon bouquin de finances, apparemment même le destin trouvait choquant une éventuelle romance entre nous deux! Des nœuds se formèrent dans ma poitrine, je fis du mieux que je peux, pour qu'il ne se transforme pas en fontaine. Ce n'était pas la fin du monde après tout me dis-je....

.Olivier.

- Bonsoir Olivier!

Je me retournai et l'offris un sourire empathique.

- Comment vas-tu ? Poursuit-elle

- Je vais bien et toi ?

Je m'installai derrière mon bureau, ouvris mon ordinateur et me mis à analyser, les registres de fournissement des stocks et de ventes .

- Ça peut aller! Tu sembles être débordé. Me dit-elle.

- Comme tu peux le voir.

- Tu ne m'as même pas appeler du week-end ! je me suis fait du soucis pour toi.

J'arquai vaguement mes sourcils, sans répondre. Je rentrai quelques données depuis mon ordinateur, puis le refermai.

- Alors? Fit-elle doucement.

- J'ai cru avoir été clair non? 

- Clair comment?

- Rien Yaël ! Rien.

- Attend tu m'en veux encore pour t'avoir laissé en plan ? Ça date depuis trois semaines Olivier .

- Non Yaël ! Ça ne fonctionne pas ainsi. Tu n'arrête pas de me réclamer, uniquement quand tu te sens seule ou que tu t'ennuies, alors que c'est clair que tu ne veux rien avec moi, sinon un plan cul à chaque fois que ça t'arrange !J'ignore ce qui te motive, mais je n'ai plus envie de jouer.

- C'est n'importe quoi Olivier! Tu me plais bien, en plus on s'entend bien sous la couette !

- Dis plutôt que tu me considère comme un pansement ou un bouche-trou affectif. Tu ne viens me voir que quand tu as besoin de quelqu'un et d'un semblant de relation, puis disparaît quand tu n'en à plus besoin et ça fait six mois que ça perdure ! Ce n'est pas le comportement d'une femme qui s'investit et qui veut s'engager avec moi. Il vaudrait mieux qu'on prenne nos distances..

Elle s'approcha de mon bureau et me fis des yeux de biches...

- Olivier...

- Tes yeux maquillés, tes regards envoûtants, tes gestes sexy ne m'ébranlent plus ! Si tu veux bien disposer, je suis sur mon lieu de travail.

- Tu le regrettera mon beau.

- Crois-moi Yaël, j'ai pu m'entraîner pendant des mois, donc j'ai mieux à faire que de me languir de ton absence ! Refermes la porte derrière toi.

- Mis à part ton joli minois, je doute qu'une femme de valeur veuille bâtir quelque chose avec toi! Ta vie est gonflant Olivier, superviseur? Un diplôme en restauration ? Tu veux attiré des femmes comme moi? Tu as un job peu attirant, et les femmes adorent les hommes ambitieux.

Je ne fis pas l'effort de récidiver face à ses propos insultants. Ses pas martelèrent le carrelage zèbrés de mon office, jusqu'à la disparition de sa silhouette. Je me maudis de l'avoir laissé l'opportunité de m'utiliser pendant six longs mois! Quelle imbécile que j'ai été !
Je verouillai les tiroirs, saisis mon ordinateur et les clés de mon bureau, puis traçai mon chemin jusqu'à ma Daihatsu. Je mis le contact, et désertai les territoires du Zest. Dix minutes plus tard, je me trouvais à l'intérieur de mon domicile. Je pris une douche et enfilai mon pyjama. Vaguement, je saisis mon portable et remarquai les appels en absence de la jolie Gayel. Je souris comme un idiot. J'avais tort de me prononcer avant d'avoir toute les données ! Peut-être que je lui plaisais au final et que...Non! Il était hors de question que je sois comme un pion à jouer pour les sœurs Durocher. Elle avait annulé notre rencard, en prétextant une migraine, alors que l'Instagram de sa sœur montrait leur agréable week-end à la plage...

Cependant, je ne pouvais m'empêcher d'être irrésistiblement attiré par elle. Ça allait au-delà de sa beauté, de son physique ou de sa voix douce. C'était l'enveloppe de sa personnalité qui m'attrayait. Elle était warm and sweet ! J'avais envie de m'aventurer, de construire quelque chose de solide...Rappelle-là me souffla une voix intérieure. J'hésitai...Rappelle-la bordel! Je regardai l'écran tactile, contemplai un moment sa photo de profil, soupirai... Rappelles-la Olivier... Rappelle cette fille...
En moins de quelques secondes, sa voix chaude et douce résonna derrière le combiné. Mon corps et mon esprit se chamboulèrent, j'eus envie de savoir si elle avait eut une belle journée, si sa petite allait bien, si elle était fatiguée, avait-elle déjà dîner, allait-elle dormir tout de suite? Que faisait-elle en ce moment ? À quoi pensait-elle et une suite incalculable de questions se bousculèrent dans ma tête ! Je crois que c'est beaucoup plus sérieux que ce que j'avais imaginé...

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant