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.Deborah.

Minuit, j'éteignis mon ordinateur sur lequel je finalisais quelques contenus de ma page Instagram et procédai à l'extinction de mon MacBook. Mes envies m'ordonnèrent de fermer les rideaux afin de me glisser dans le cosy de mes couvertures. Au lieu de nourrir l'idée de la procrastination, je m'executai. Je me dirigeai vite fait vers les larges portes fenêtres vitrées en tirant le premier rideau californien, mon geste s'arrêta nettement, lorsque brusquement j'aperçu deux silhouettes du haut de ma fenêtre, trois même ! Je me dissimulai derrière le tissu en plissant des yeux. Je reconnu immédiatement Yaël et Rafaël qui avait ses bras encombrés du poids léger de Soraya totalement inconsciente ! Elle était enveloppée dans une robe rouge sang long de forme sirène en dentelle, son bras inerte balayait l'air. Yaël grimpa à l'arrière de la Ford de mon ex et ce dernier déposa précautionneusement le corps endormi de sa femme sur elle, puis fit le tour de sa truck F-150 afin de s'installer sur le siège conducteur.  J'attrapai mon Apple et culbutai son contact. Il sortit son portable de sa poche, sans vérifier le numéro, et éteignit totalement son téléphone avant de grimper et de refermer lourdement la porte de son luxueux car. J'en fis autant avec celui de Yaël, l'assistante automatique m'avertit qu'il était éteint, je répétai le geste avec celui de Soraya, s'en était pareil ! Mais que diable se passait-il donc ? Soraya aurait-elle fait un malaise? Intriguée par leur attitude, je me décidai de les suivre afin de savoir dans quelle hôpital se dirigeaient-ils ! La Ford de Rafaël disparut du parking, et ce fut au tour de ma SUV de s'évaporer après eux. Les rues peu éclairés étaient désertes sous l'observation d'étoiles Lucifer. Je repris mon cellulaire, afin d'essayer une nouvelle tentative de les rejoindre ; mais elle était vaine ! Qu'avait-elle ? Quelle psychose, si Shakespeare était vivant, il devrait monter une pièce de théâtre décrivant ma situation actuelle ! Je m'inquiétais pour ma rivale ; celle à qui je cherchais à l'arracher mon ex, son mari, mon mec ! Quelle dinguerie ! Nous quittâmes finalement Boutilier, et c'est là que cela devint plus étrange, car Rafaël couillona de vitesse ! Bon sang, qu'avait-elle ? Aurait-elle pété une autre crise de ce syndrome post-traumatique qu'avait dit Rafaël qu'elle souffrait ? J'expirai en me concentrant sur la route. Ils abandonnèrent les hauteurs, et empruntèrent la courbe menant vers Bois-Moquette . J'en étais sûre, elle avait dû faire un malaise, ils se rendait au memory hospital qui partageait une maternité privée jusqu'à ce jour. Un édifice dissimulé dans le luxueux quartier résidentiel. Tel fut mon étonnement, lorsqu'ils décuplèrent l'immeuble en question et acheminèrent la belle Ford grise vers la zone peu glamour de Bois-Moquete, pour ensuite la dépasser également. Cabalé par cet étrange itinéraire, je me fis plus discrète et roulai à plus de dix mètres d'eux. Nous y voilà vers le virage de Malique dont une dense végétation d'arbres arborait les environs, nous outrepassâmes aussi bien les maisons des petits bourgeois et des parvenus qui surplombaient la zone, encaissâmes trois autres tournants d'affilés pour atterrir devant un site quelques peu montagneux riche en arbres. Je restai tapi dans l'ombre. Rafaël se gara, descendit et ouvrit la porte en reprenant Soraya encore inconsciente des bras de Yaël qui descendit à son tour. Mes lèvres tremblèrent, j'eus la chair de poule, mes cheveux se dressèrent. Ils s'adressèrent à une petite fille noire, debout dans des vêtements troués et crasseux. Ensemble ils pénétrèrent dans la cour d'une vielle maison de campagne en bois brûlé toute abandonné  dont le toit en ardoise me donnait l'impression d'écouter mon père me raconté l'histoire du petit poucet et de l'orgre ! Avec la fillette, ils disparurent à l'intérieur du vieux hangar. Bonté divine, étais-je en train d'halluciner ? Mon cœur rompit un record, comme-ci je savais déjà ce à quoi j'allais m'affronter ! Malgré mes jambes agitées de frissons, discrètement, je les imitai en traverssant le vague terrain tapissé d'herbes sauvages. Mon ensemble pyjama dont une chemise de soie ivoire à manche courte et un short assortie signée Quartier libre n'était pas la meilleure tenue pour cette mission! Enantiosémie était le mot parfait entre ma tenue et cette aventure. Mes pantoufles s'entravaient dans la végétation peu odorante qui me provoquait des démangeaisons sans doute à cause de l'urushiole contenue dans leur sève. Je devais l'avouer je n'étais pas une orophile ! L'amour des montagnes n'étaient pas dans mes cordes ! Je fis de grandes enjambées, pénétrai dans la cour dont l'accès à la clôture restait accessible. J'évitai de le laisser grincer, et m'aventurer à l'arrière de pas précautionneux en espérant de découvrir quelque chose. L'ambiance lugubre prouvait que les résidents d'ici était d'une aménité zéro. On aurait dit un vieux ranch abandonné. Mes pantoufles mêlées de terres sèches me conduirent près d'une fenêtre en bois peu structuré, il fallait que je grimpe sur quelque chose, afin de mieux voir ce qui se passait à l'intérieur.

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant