.Soraya.
Mes membres étaient encore endolories. Je me réveillai en sursaut et ressentis du dégoût pour l'intérieur de cette chambre dans lequel je pataugeais. Je ne m'étais pas rendue compte, que je m'étais endormie. Je me levai, pris quelques vêtements et pris la ferme décision d'adopter la chambre des invités. Il était hors de question que je partage le même lit que ce monstre. J'empruntai les escaliers, afin d'encourager Vanilla à me tenir compagnie. Au rez-de-chaussée du chic intérieur, c'était l'obscurité total. Il avait éteint toutes les ampoules. Sur la pointe des pieds, je me dirigeai instinctivement vers la niche de mon Poodle, cependant, quelques choses d'autres attira mon attention. Je mis en pratique mes pas de ballerines et orientai mes orteils manucurés vers la petite pièce, qu'il disait être celle de ses archives. La porte restée entrouverte projetait une luminosité à faible intensité, comme on dirait celle appartenant aux cierges ou aux bougies. Je me rapprochai de plus près précautionneusement, et me cambrai à la porte. Mes lèvres se déformèrent d'un rictus choquant. La pièce était vaste et légèrement poussiéreuse. Il y avait une atmosphère de luxe désuet, comme seules les vieilles maisons lugubres pouvaient en créer. Cette impression ressortait des papiers peints moisis et du mobilier ancien, de vieux tableaux qu'il avait acheté, sans jamais en faire usage était recouverts de toiles cotonneuses, et des tapis miteux recouvraient le plancher. Je sentis une sueur glaciale parcourir mon dos, mes cheveux se dressèrent suivi de mon sang qui ne fut qu'un tour dans mes veines ! Je voulu crier, mais ma gorge était nouée d'angoisse et d'horreur face à ce macabre échiquier qui se dressait au creux de ma rétine. Six cierges allumés autour de plusieurs bouts de photos de moi, de cheveux, d'ongles, de sous-vêtements, de mes vêtements dont certains étaient indubitablement neufs, et d'autres fréquemment portés ! Il y en avait de toutes sortes allant des élégantes robes longues portées lors de mes différents anniversaires de mariages accompagnés de mes nuisettes blanches, rouges ou noires, et d'une profusion de mes culottes !!!
Ça ne s'arrêtait pas là, partout des feuilles et des fleurs, de mes fragrances et Rafaël assis au milieu, torse nu, en boxeur, s'aspergeait de lotions et de feuilles en prononçant des mots à plusieurs reprises! Je tendis mieux l'oreille et mon sang gicla....-Erzuli....Soraya....Erzuli....Soraya....Erzuli.....!! Chuchota-t-il
Je fis un pas de recul en fissonant; mes iris sortirent de mes orbites ! Je devins pâle comme un mort, et je fus paralysée. Me ressaisir fut casiment impossible ; il saisit mes culottes et se mit à les nouer l'un après l'autre , je fus dégoûtée et eut envie de vomir dû aux fragrances et aux fortes odeurs des feuilles répandues sur le plancher. Incapable d'assister plus longtemps à ce psychodrame, je m'éloignai à pas de zephir, saisis mes clés accrochées au porte-clé murale et m'éclipsai silencieusement hors de l'appartement ; mais je ne pus marquer un pas de plus, j'avais le corps raide, les lèvres et la gorge sèches, les mains moites et mon cortex était encore abasourdie, effrayée. Je flottais en éveil dans les brumes vaporeuses d'un cauchemars réel ! Je ne prêtai qu'à moitié attention aux voix alentour. Mon épuisement, ma panique et mon épouvante étaient tel que je dus lutter pour reprendre contact avec la réalité. C'était important. Lève-toi !!! Me cria mon instinct. Accroupi contre la porte de l'appartement, je n'avais plus de force ! Lève-toi Soraya ! Je fermai les yeux, refusant d'obéir. Trop, c'était trop. Je clignai des yeux plusieurs fois, et je vis des images illusoires qui m'éclaircissaient l'esprit sur le tissu de mensonges dans lequel je pataugeais. Cet état mental qui se manifestait par des perte de contrôle sur mes émotions et mes actions, cette impression d'être contrôlées par une force extérieure ! Il m'a confectionné des souvenirs de toutes pièces, qu'il m'a forcé à croire...
- Oh mon Dieu !! Soufflai-je le visage inondée de larmes, les iris brillant de stupeur.
Et ces thés ? Ces séances d'hypnotise ? Que me faisait-il ? Tous ces troubles et ces difficultés à penser clairement, à prendre des décisions, à me souvenir des choses ou à me concentrer. Des sentiments de confusion ou de perte ; mes sautes d'humeur. Mes troubles du sommeil, mes cauchemars fréquents qui se sont souvent associés à des images particulièrement effrayantes. Je me sentis souillée, manipulée comme une vulgaire poupée de porcelaine. J'eus des picotements, des frissons...
Il me fallut quelques secondes pour me rappeler, que je me trouvais encore sur les lieux impis de cet inconnu avec qui j'avais partagé quatre années de désarroi et de solitude, où j'étais devenue mon propre fantôme, où il m'a violé, cambriolé ma vie de femme, mes rêves, mes espoirs, ou il m'a rendue victime de ses jeux malsains, de ses rituels atroces... juste parce qu'il avait envie. L'atrocité de ce à quoi que je venais d'assister me revint en mémoire. Lève-toi Soraya !! Me cria de nouveau ma conscience....
Mes membres en coton eurent du mal à supporter mon poids. Une brise me fit frissonner, je calai mon oreille contre la porte et j'entendis ses pas grimper les escaliers, il ne tardera pas à remarquer ma disparition. Je paniquai et abandonnai le vestibule, avec la première idée de me réfugier chez Deborah ! J'esquivai l'ascenseur et dégringolai les marches prête à frapper à la rescousse, puis freinai mon geste. Ici, c'était trop prêt, trop prêt de sa diablerie, de l'être macabre et répugnant qu'il était ! Nathann, oui, chez Nathann....
Mes pas s'introduirent dans l'ascenseur et pressai les touches du sous-sol avec frilosité. L'air glacial, me fouetta le visage, sans regarder derrière, je grimpai agilement dans ma Landcruiser et fit voltiger les roues de mon véhicule dans les rues désertes de Boutilier. J'accelerai en luttant contre ma vue qui se brouillait par des larmes de détresses, j'esquissai des coups de virages qui fit crisper mes pneus sur la chaussée et se mélangea aux hurlements des chiens errants, aux cris joyeux des petits vagabonds misant leurs sous à des jeux de hasard, aux cris agonisant des sans-abris s'allongeant à même le trottoir, vous ne les entendez pas ? Ils étaient sourds ? Tels était cette cascade d'émotions désorientées qui se bousculaient et encombraient ma poitrine. Toute ma vie se défilait comme une sorte de long-métrage, où les différentes pièces de chaque trou de mémoire, de chaque confusion, reprenait finalement leur place pour former le puzzle au complet. J'atteris chez Nathann et me mis à tambouriner sur sa porte. Certains des habitants de son immeuble, sortirent dû au tintamarre ! Je redoublai mes efforts, et là, la porte s'ouvrit finalement sur le visage somnolant de Nathann...
- Lirios ! S'exclama t-il heureux
Je traversai le seuil et refermai la porte en la verrouillant. Je pris une chaise et m'assis dessus ...
- Cherche une corde et rattache-moi sur cette chaise, et ne me détache sous aucun prétexte !!! M'écriai-je d'un ton d'épouvante...
Il fronça des sourcils et cru que c'était une blague...
- Bien sûre Lirio ! Jamais de la vie.
- Fais ce que je te dis !! C'est sérieux !! Criai-je en état de panique. Réveille Franky !!! Franky!! Franky !!! Hurlai-je en pleurant.
Franky qui dormait sur le canapé, changea de position, en se recouvrant entièrement la tête. Je me sentis désespéré...
- Fais vite Nathann ! Je t'en supplies! Hoquetai-je ...
Encore appuyé sur sa béquille, il ne comprenait rien...
- Mais...c'est....c'est insensé Soraya! Pourquoi...Qu'il y a t-il ?
Je relevai mes iris totalement désespérées vers lui et réussis à articulai ...
- Rafaël...du vaudou...Erzuli ! Avouai-je tout essoufflée ...
- Kisa!!!! Entendis-je la voix de Franky qui se leva d'un bond...
Mon corps s'affaiblit et j'eus l'air de délirer. Sans cesse je répétais les derniers mots prononcés sans aucune cohérence, ma vue se brouilla encore et encore, je ressentis une hausse de température. J'étais perdue dans ma tête, dans mon cœur, et je me sentis enveloppé dans un nuage de fumée. Je vis les crocs de Franky se rapprocher, mais sa voix était lointaine...
- Fièvre ! Ela tem febre ! Nathann, ou genle pran nan on Antrav [ Nathann tu t'es entraver ]
- Caramba ! Franky, o que há de errado com ela? [ Bon sang ! Qu'a-t-elle Franky ?] S'affola Nathann effrayé.
Je ne su pas ce que répondis Franky, je perdis connaissance...

VOUS LISEZ
.Antrav.
RomanceSelon Soraya la plupart des hommes sont des connards, mais les femmes ... hm .. les femmes, elles ? Elles sont mille fois pires.... Soraya,n'a jamais été amoureuse, pourtant elle n'a de yeux que pour son mari...Tout par et pour son Rafaël....