.Antrav.

.61.

.Soraya.

Grand-père était resté converser avec Morgan. Une jeune et jolie martiniquaise journaliste en tourisme. Elle avait trente-et-un an et elle séjournait dans la villa Soukar, pendant toute la semaine, pour un article, sur Mr et Mme Soukar. Le livre Outsider en parle...Ils ne se quittaient pas d'une seconde, et grand-père n'avait pas oser la demander de danser, il était resté à jouer au charmeur mystérieux de son époque, en restant tapissé dans l'ombre à l'observer. On aurait dit un couple à la Vincent Casel et Tina kunakey.

Nathann et moi rentrâmes, aux alentours de deux heures du matin, après que nous ayons dansé toute la nuit au rythme des années 60 haïtien ! Nous avons bougé dans l'euphonie de Top vice et des gypsies de Pétion-ville, dans l'Andagio du Tabou Combo et de l'eurytmie Zekle des frères Widmaer, et du groupe koupe kloue . J'avais la tête pleine de coktails, et je laissais échapper des petits rires d'ivresse. J'avais dansé avec lui, jusqu'à en avoir mal au pied, il m'avait fait balter à la brasileiro, ris à la Português sous une nuit caraïbéenne étincelante. Lorsque, nous atterrîmes dans la villa, la lune antillaise était pleine. Je restai une ou deux minutes à l'observer et ris sans raisons...

- Elle est belle notre lune! Lui dis-je

Il avait simplement fait, ce qu'il avait fait durant toute la soirée ! Enraciné ses yeux dans les miens et me répondre comme hypnotisé...

- Maravilhoso...

Il m'aida à grimper les marches jusqu'à ma chambre, il voulut partir mais je le retins et l'embrassai. J'avais encore envie des brûlures de la plage, des drôles de sensation du sable sur mon corps, j'avais encore envie de le sentir contre ma peau, de frémir sous ses caresses à la portugaise, et de murmurer son prénom qui seyait si bien entre les lèvres de celui ou celle qui le prononçait. Je laissai mes doigts se perdre dans sa chevelure, et m'abandonnai totalement à ce baiser sans heures, sans réseaux, mon cœur battait comme un drum ! Je ris doucement, et lui aussi. Des secondes après, nous entendîmes l'arrivée des roues d'une voiture. Je me couvris d'une tunique qui traînait sur un fauteuil en forme de shell et allai jeter un coup d'œil sur la terrasse. C'était grand-père qui rentrait en charmante compagnie de la jeune Morgan. J'arquai mes sourcils, je sentis des mains brûlantes me soulever les cheveux et son souffle dans ma nuque, il y posa quelques baisers dessus. Je frissonnai. Je me retournai l'embrassai encore. Serais-je un jour lasse de ses lèvres...

- Viens au Brésil avec moi, le week-end prochain...

Je baissai des yeux. Il cala sa main au creux de ma joue, qui y trouva refuge. Il me caressa les joues délicatement..

- Je t'en pries lirio, Meu doce, meu lindo diga oui....

Ses mots avaient tant de douceurs, tant d'impact sur moi, tant d'influences sur mes décisions, je chassai le doute et acquiesçai de la tête. Il m'étreignit et il se décida à tirer sa révérence. Je le regardai partir, puis m'effondrai sous les draps... J'avais encore envie de rêver...

Le lendemain...

Ce lundi se réveilla d'une humeur agréable. J'avais fait du café et préparer des salades de fruits. Grand-père s'assit en regardant Nathann et moi, à tour de rôle.

- Alors, ou est Morgan ? M'enquéris-je avant qu'il ne sorte quoique ce soit...

- À la villa des Soukar! On a simplement bu quelques verres ici, au calme, on a discuté, et je l'ai ensuite raccompagné là-bas.

- Et vous vous reverrez ?

- Je l'ai invité à déjeuner. Elle est très, très cultivée et différente de ces lady popular ..

- Tu es un dandy daddy grand-père . Dis-je moqueuse

- Allons Soraya, nous ne faisons que converser comme de bons amis, n'exagère pas.

Nathann rit, imité par moi.

- Bon, on va rentrer grand-père.

- Et c'est quand je revois ma p'tite fille ?

- Bientôt papa! C'est promis...

- Je croiserai les doigts. Fit-il

Je l'enlaçai et lui attribuai deux gros bisous sur la joue. Nathann, lui tendit la main.

- Tout le plaisir, Senhor Tippenhauer. Merci pour l'hospitalité.

- J'espère te revoir plus souvent par ici...

Il semblait avoir échanger un regard entendu. Nathann rit, un peu embarrassé en passant sa main derrière sa nuque. Il saisit mes valises, les emporta dans la caisse de ma Landcruiser, et s'empara de Vanilla déjà accommodée dans sa cage de voyage.

- Aurevoir grand-père...

- Soyez prudent ! Appelle-moi Soraya !

Je retournai lui faire un calin et repris la route, le cœur noué. Le conte de fée allait prendre fin. Le piège allait encore se refermer. Ma tête s'appuya contre la vitre. J'avais la sensation, que je vivais quotidiennement dans le mauvais ordre. Avec grand-père, et lui, surtout lui, tout paraît tellement plus simple! Voulait-il que ça dure, autant que je le voulais? Un silence bruyant s'était installé entre nous. Il posa sa main sur ma cuisse, en me rassurant silencieusement. Je fermai les yeux, il mit encore sa jolie playlist tout éditée, et nous l'écoutâmes en boucle, durant tout le trajet. Une fois arrivée à son appartement, il descendit, et je l'imitai. Il sortit ses valises, et nous échangeâmes un baiser passionné...

- On s'écrit Lirios..

J'hochai positivement de la tête. Ses paires de Tommy Hilfiger rentrèrent dans le parking. J'expirai profondément. Je regardai le bleu du ciel, les nuages immaculés et traçai mes pas vers le côté conducteur. Je mis le contact, et roulai jusqu'à Boutilier. Je grimpai avec mes bagages, déposai vaguement mes clés dans mon dressing, et m'affalai sur mon lit, et voilà une maison fade pour une vie fade me dis-je. Mon hippocampe me renvoya l'image de ce "dia da anamodos" comme il disait et Dekker s'installa en live dans mon esprit, j'eus des milliers de sourires suspendus aux lèvres. Je regardai la photographie de mariage et cachai la face, en le couchant sur la table de nuit, je mis en marche aléatoire trois andagios Plum, Let's pretend et,hell n back. Je me recroquevillai sur moi-même. Non, le rêve n'était pas encore fini, j'en avais encore le goût savoureux de ce weekend idyllique ! Je pressai mon oreiller contre moi, et m'endormis, en le confiant secrètement et silencieusement cette jolie escapade passionnelle...Il faudrait s'infiltrer dans mes rêves, pour en connaître la suite...