.21.

79 15 16
                                    

.Deborah.

- Un beach comber! Commandai-je

Le barman hocha la tête, et me le servit sans se faire prier. Je trempai habilement mes lèvres sur les bords du verre givrée de sucre et du jus de citron.

- Hmm, savourant ! Fis-je

Il me sourit, alors que ses iris brunes fuyaient ma poitrine exposée dans un décolleté triangulaire de soie noire, noué au cou, dont l'inexistence de soutien-gorge était visible. Mesdames, voici une illustration de la domination masculine; lorsqu'une femme décide de jeter à la poubelle les symbole de l'oppression féminine. Les seins nues resteront éternellement pour eux, une attente érotique, sinon nourricier, pour les plus sages .

Je l'offris tout de même, un sourire charmeur, rabattis mes cheveux sur mon dos en me croisant les pieds. Le Cosmopolitan night-club, était peu bondée ce soir, c'était souvent ainsi les lundis. Voilà donc pourquoi, j'avais choisi de passer la soirée ici ; bien qu'un simple verre de beach comber, ne sera pas suffisant pour distiller mon spleen. Les haut-parleurs diffusèrent Runnaway de dennis Lloyd. Je roulai des yeux, et me penchai vers le barman

- Vous ne pouvez pas demander au dj de changer de disque?

Il pencha la tête, en me couvrant d'un regard exagéré. Je lui fis une grimace, soupirai, en vidant mon verre.

-Un autre ! Et ajoute-moi plus de rhum !

Il s'exécuta rapidement, alors que la mélodie s'amplifiait de plus en plus, ce qui raviva quelques souvenirs. Il posa mon cocktail face à moi, en fuyant de nouveau ma poitrine. Je soupirai, ces hommes et leur phallus caché sous leur pantalon! Ça réfléchissait pour eux, à la place de leur cerveau. Avec eux, le respect du no-bra challenge, ne sera pas pour aujourd'hui !

- Merci. Fis-je

La musique persistait encore, et en fit jouer des souvenances de l'époque. Mon hippocampe, remonta huit années en arrière. Plus précisément, au jour exacte ou j'avais croisé Rafaël ! j'ai toujours été catégorisée en tant qu'une donzelle croqueuse de mecs, ce qui n'était pas totalement faux, j'étais une séductrice compulsive, j'aimais jouer de mes atouts et flirter, cependant j'avais mes limites. Bien évidemment, chaque comportement et chaque attitude, avait leur répercussion! La mienne résultait de celle-ci qui est bien connue, partout dans notre société! Celle qui te range dans la case fille facile, si tu es trop ouverte à la gent masculine, ou encore la cage fille bonne à marié si tu es réservée. On devine tout de suite, dans laquelle j'étais rangée. Néanmoins, cela ne voulait pas dire que je rêvais toute petite du diable charmant! Non. Je voulais un homme bien, sérieux, costard et cravates, et face a cette volonté, j'ai souvent fait sujets de moqueries, comme si une fille stéréotypée comme moi, fêtarde, superficielle, et charmeuse, n'avais pas le droit de rêver du prince.

Mes amies disent de moi que je suis une séductrice, mais j'ai juste l'impression d'être une femme qui ne laisse pas passer un homme quand il lui plait. Alors, j'avais croisé Rafaël, lors d'une petite fête d'été chez un ami, à Laboule. J'avais dix-huit ans et lui vingt-huit. Lui, m'avait tout de suite plu, prévenant, poli, un peu vieux jeu, mais plaisant à mes yeux. L'icône parfaite du type d'homme que je voulais. Il avait à peine terminé ses études de neuropsychologue au Canada, et travaillait en assistance, en compagnie du docteur Bouchereau.

Je lui avais fait le grand jeu: regard à la Liz Taylor, bretelles qui tombent par mégarde, sourire admiratif et danse de plus en plus rapprochée. Au bout de deux heures de ce jeu-là, ce fut le coup de foudre immédiat ! Il est très rare que je couche le premier soir, et je suis même capable de faire monter la pression pendant des semaines avant de passer à l'acte tout en leur envoyant des textos coquins, en leur disant que j'ai très envie d'eux! Mais avec Rafaël, je n'avais pas eu envie de faire la résistante. Tout de suite, après cette soirée arrosée, ça avait été, première nuit chez moi, puis week-end sous la couette. Ensuite, tous les soirs de la semaine, et ça avait duré quatre ans comme cela, sans que l'on n'officialise rien entre nous. Il avait sa vie de son côté, il voulait se concentrer sur sa carrière de neuropsychologue et moi je voulais terminer mes études de publicistes a l'universite de New york ou j'ai d'ailleurs croisé Soraya, dès ma premiere année, vue que l'on partageait toute les deux le même cours de communications interculturelles. 

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant