.107.

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.Nathann.

Le lendemain...

Avec Franky, je venais de porter plainte contre Rafaël pour violence conjugale. J'avais fait jouer mes relations de la Unicef afin d'obtenir un dossier solide au poste de police. Car s'il y avait quelque chose que j'avais bien assimilé sur cet archipel, plus on est pistonné, mieux on était ! Qu'il s'agisse d'une promotion canapé, ou d'avoir des fonctionnaires hauts placés. Lirio ignorait tout de cette plainte. Hier soir, aux environs d'une heure du matin, elle s'était encore réveillée en sursaut ! Ses cauchemars étaient devenus récurrents et Franky et moi avions dû l'emmener à la clinique de mon ami, clínica do Doutor Félix Morata. Il était brésilien et médecin à l'association internationale Médecin du monde fraîchement installé sur l'île. Il avait dû s'entretenir en privée avec elle et lui avait fait certaines analyses. À notre retour, elle était venue se loger dans mes bras. Allongé sur mon lit dans l'obscurité, elle m'avait tout raconté! Réellement tout, sans omettre aucun détail. Elle avait désencombré sa poitrine et pleuré des fontaines. Plus elle se confiait, plus j'avais l'horrible sensation d'être coupé de mes organes vitaux. C'était atroce d'écouter ses aveux déferlés de ses lèvres tremblotantes. Mes émotions avaient été ébranlés. Je m'étais contenté de l'écouter simplement. Avant, lorsque je regardais les mocassins de Rafaël, ironiquement, j'avais du mal à comprendre comment uma preciosa comme lirio, avait pu épouser un homme tel que lui ! Et, là ce n'était pas que ses mocassins qui m'intriguaient... C'était le lâche, la crapule qu'il était, l'être bas, abjecte et déloyal qui forgeait sa personnalité !

- Merci de me faire confiance, je suis sûre que ce n'est pas facile d'en parler...Lui avais-je dit.

- Tes mots ressemblent à des câlins. Avait-elle répondue. 

Au bout d'une heure, tandis qu'elle s'était endormie, je m'étais servi de mon appareil photo et avait photographié son corps parsemé des lésions corporelles. J'avais pris le soin de saisir des photos des blessures et j'avais rédigé moi-même une déclaration datée et signée dans lequel je témoignais des conséquences des violences que j'avais constatées. Ces témoignages écrits, accompagnés de photocopies de ma pièce d'identité étaient des éléments qui pourront appuyer un futur dépôt de plainte, si jamais elle le déciderait. Il pouvait me rendre invalide autant qu'il le pouvait, je n'en avais absolument rien à foutre ; de toute évidence mon cœur n'était d'ailleurs plus invalide ! Mais avait-il vu dans quel état de choc et de sidération qu'il avait plongé Soraya ? Comment il la forçait à empoigner un malheur dans lequel il l'avait plongé ! Et je ne parlais pas que des viols, sinon de tout ! Absolument tout. J'avais même honte de la caresser de mes yeux, de peur de la froisser. Toucher à ma Lirio? Desculpe, mas isso está além da minha paciência. Épris de colère, j'avais également déposer une plainte pour l'accident. Grâce au numéro de plaque, et le témoignage cuisant de Franky, qui avait été témoins de toute la scène. D'ailleurs j'avais demandé de me transmettre une copie des vidéos de caméra de surveillance du parkingIls avaient ajusté ces deux dossiers sur le nom de Rafaël Pompé...

A l'heure que je revins de ma thérapie, il était aux environs de onze heures. Je pénétrai dans l'appartement et retrouvai ma jolie lirio assise sur le bord de la grande fenêtre, vêtue d'un de mes t-shirts urbains, les bras autour de ses jambes, ses pieds de ballerines jointes et les yeux perdus au loin, se perdant dans le creux de son hippocampe. Je refermai la porte derrière moi, elle affronta mes iris et me sourit lestement. Elle ne débordait pas de son énergie habituelle, mais elle allait mieux, et j'étais heureux de la voir reprendre des couleurs. En parler, se relâcher la pression lui avait permis d'aérer un peu ses poumons débordant de l'atmosphère toxique de Rafaël. Pourrais-je effacer toutes les traces de cette peine rouge sang ? Pourrais-je lui redonner les couleurs et partager avec elle le temps magnifique qu'il fait dans mon cœur ? Et la faire rire jusqu'au petit matin ? Pourrais-je sécher les pleurs de ses prochaines nuits ? Certaines fois, j'ai vu ses yeux guetter la porte, comme si elle redoutait voir la silhouette de Rafaël traverser le seuil. Elle s'en voulait de ne plus être la même, il y avait comme une odeur de méfiance qu'hier encore n'existait pas ...

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant