.86.

63 19 8
                                    

.Soraya.

Le corps incliné à l'avant, je sortais des documents d'un tiroir situé à gauche de la surface vitrée de mon secrétaire. Je sentis des bras nouer ma taille. Je m'étais sursautée et m'étais figée .

- Bom dia lirio, je voulais t'inviter à dîner ce vendredi...avait vibré sa voix .

J'aurais dû sourire, me laisser aller dans l'odeur enivrante de son parfum et me retourner, le prendre dans mes bras, l'embrasser et accepter ce dîner. Sa présence avait fait vibrer mon âme, et au lieu de l'accueillir à bras ouvert, et de laisser nos âmes s'embrasser j'avais fais tout le contraire! J'aurais voulu lui crier si nos cœurs seraient fatiguer de s'aimer, nos âmes eux danserait nos memories, embrasserait chaque recoin de nos sentiments... Pourquoi je l'avais giflé si mon cœur avait réclamé le contraire, pourquoi l'avais-je pris comme une menace et rejeté de la sorte de façon si détachée ? Mes actes trahissaient mes désirs, emboîtaient mes volontés et me laissaient apercevoir une folle hystérique en moi, quelqu'un que je n'étais pas prête à reconnaître ! Qui étais-ce me demandais-je en revoyant mon reflet depuis les différents miroirs de l'appartement...

Soupir après soupir, yeux clos, je vivais encore la gifle que je lui avais attribué. En slow motion, mon hippocampe rembobinais la scène, et à la place de mes doigts qui violontèrent sa joue, c'était mes lèvres qui se nouaient aux siennes. Deux semaines déjà s'étaient écoulées et je revivais en boucle cet instant de quelques secondes qui avaient tout détruit entre lui et moi. Je parcourais une jungle, à la recherche de réponses introuvables . Un bruit sourd me fit relever de la tête. C'était Rafaël qui revenait du travail, il avait fermé violemment la porte derrière lui; même Vanilla effrayé avait été se cacher sous les canapés...

- C'est le comble ! J'en peux plus de cette bourg !

Je me relevai encore saoulé par mes nombreuses interrogations.

- Qu'il y a t-il Rafaël ?

- Je me suis fait percuter par un maudit chauffeur de transport en commun.

Je fus légèrement surprise.

- Et tu vas bien? M'empressai- je de demander.

- C'est évident que je vais bien Soraya ! Cependant il a brisé mes feux arrière. J'ai dû me les faire réparer et me rendre à l'atelier automobile ne figurait pas parmi mes plans! Regardes à quelle heure que je rentre te retrouver.

- Et le chauffeur il va bien ?

Il soupira en posant son porte-documents sur la table basse.

- Qu'en ai-je à faire ? Entends-tu ce que je t'ai dis ? Il a rayé ma voiture et mon chauffeur à dû passer deux heures à discuter avec lui. Petion-ville n'est plus ce qui l'etait !

Je relâchai lentement ma respiration. Je me sentais fatiguée et j'avais l'impression d'avoir pris du poids, ceci depuis deux semaines.

- Je vais...Je vais voir si le dîner est prêt.

Il ne répondit pas et fulminais des idées sombres sur ce pauvre chauffeur qui à coup sûr ne cherchait qu'à gagner son pain quotidien aussi bien que lui. Je m'esquivai un instant la tête lourde, et empruntai le chemin menant vers la cuisine ouverte sur la salle à manger. La nouvelle chef kenila concoctait un cury de pois chiche, de brocolis et de chayottes. Rafaël avait renvoyé l'ancienne, pour j'ignorais quelle raison lors de mon voyage au Brésil. Je voulut lui sourire mais un léger vertige m'arrêta toute possibilité de renouer un contact visuel avec elle.

- Vous allez-bien madame ?

J'acquiescai de la tête gentiment, et portai quelques doigts à mon front; en essayant de maintenir mes pieds fermes sur le sol pour ne pas m'y effondrer. Cela faisait six fois en deux semaines, même mes sauts d'humeurs étaient plus féroces. J'avais écarté l'idée que je puisse être enceinte, c'était inconcevable. Je prenais encore mes pilules et suivais à la lettre les instructions de mon gynécologue. Je devrais consulter un médecin, et c'est ce que je ferai demain avant mon départ pour le travail.

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant