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.Soraya.

J'ouvris les yeux doucement, les rayons du soleil matinal aveuglèrent mes rétines. Je me frottai les yeux en ôtant les impuretés cachées au coin de l'œil. Je m'étirai, mon corps endolori me rappela mes ecchymoses. Je déglutis, et je ressentis une légère douleur à la gorge dû aux assauts de.... J'empêchai mes larmes de couler et cherchai Nathann des yeux. Je le repérai dans la salle de bain, appuyé sur sa canne, sa serviette nouée jusqu'à la moitié de son torse, il se rasait. Je posai mon menton sur mes deux mains entrecroisées à plat sur mon oreiller et pris plaisir à l'observer se dépouiller de sa pilosité faciale naissant à peine. Son visage rempli de mousse, il prit le soin de finir son travail comme il se doit, puis saisit sa lotion hydratante qu'il appliqua soigneusement, son ombre sur la porte vitrée obéissait parfaitement à chacun de ses gestes, il n'ôtait jamais ses chaînes et ses bracelets avant de dormir ! Son corps a dû s'habituer à cette mauvaise habitude qu'il avait adopté. J'expirai profondément. Ce qu'il était beau Nathann. Une fois terminé et satisfait du résultat depuis le miroir de sa salle de bain, il se retourna soudainement vers moi et me fit un clin d'œil. Il avait remarqué que je m'étais réveillée apparemment, c'était ainsi tous les matins. Je pouvais ressentir ses mots de réconforts, même quand il ne disait rien. Nos cœurs étaient comme connectés, ils se parlaient ; pendant que nos regards brûlaient desque l'iris de l'un se fiançait à celle de l'autre. Je frémis, sourit un peu et devint timide...

- Bom dia ! Dit-il

Trois jours. Trois jours qu'il était resté à mon chevet. Le mutisme dans lequel j'étais plongée, n'avait pas l'air de le déranger ! Au contraire, il parlait, m'expliquait ses séances de physiothérapies, m'expliquait des anecdotes, sans m'obliger à dire quoique ce soit et je mentirais si je prétendrais qu'il n'avait pas réussi à m'arracher quelques sourires. Il était patient et je me demandais comment il faisait ? Comment pouvait-il continuer à vouloir de moi, sachant que je suis la cause de son malheur. Je suis le pilier de sa jambe fracturée. La culpabilité se lut dans mes deux yeux. Je soupirai, le regardai à nouveau se servir de ses béquilles pour s'avancer vers moi...

- Je t'apporte quoi ? De l'avocat et de la cassave?  Dit-il tout sourire

Je remuai positivement de la tête. Ses cheveux dégoulinaient d'eau, laissant un parfait effet d'un cover à la Hugo Boss ...

- Otimo ! Le temps que j'enfile ça et hop !!

Il se vêtit d'un t-shirt urbain et ôta sa serviette qui laissa découvrir son boxeur. Je rougis et détournai le regard.

- O que ! Je suis ton homme. Fit-il amusé en enfilant son short.

J'esquissai à peine un demi sourire. Il sortit, et à nouveau j'étais seule, plongée dans mes funestes cogitations. J'avais beau essayé de ne pas y penser, mais ça restait là, collé dans ma tête comme une marque indélébile. Il a fait tout ce qu'il a pu faire, il m'a agressé silencieusement autant qu'il a pu, il m'a violé ! Tout ce temps-là il me violait, et moi aveuglément je le laissais faire. je ne voulais pas, mes non restaient silencieux ; mais il savait que je ne voulais pas, il les entendait mes non !  Maintenant je sais qu'il les entendait. Il a pris tout ce qu'il a pu prendre et à saccagé tout ce qu'il a pu saccager. Il savait qu'il m'était infernal, il savait qu'il me stressait, qu'il m'étouffait, qu'il m'angoissait.

Tu le savais Rafaël...Tu le savais...Soufflai-je...

Il a rajouté du sel sur mes plaies, du gaz sur les flammes de mon anxiété qui déchaînaient ! Il m'a vu presque devenir folle, sans pitié, il s'est amusé à m'enfoncer dans ma folie en se servant du sujet qui m'était le plus douloureux, la mort de mes parents !
Me revint en image ses nombreuses tasses de thés, que diable me faisait-t-il ingurgité ? Pour ses rituels !! Et ses séances d'hypnotises, je comprends mieux la plage ; cette glace que sa voix me disait de sucer. Je portai une main à la bouche, le dégoût se forgea sous ma poitrine !  je me précipitai vers les WC pour régurgiter le contenu de mon estomac. Certaines choses me revenaient, d'autres pas. Ces viols ? Si, je les avais constamment en mémoire, une par une je les avais en tête. Il me pilonnait, même quand je ne réagissais pas, il prenait du plaisir à me lapider mes entrailles, à introduire son sexe dans ma bouche !!  Combien de fois m'avait peut-être il contraint à remplir des missions concupiscentes dont je n'étais pas adepte en profitant de mes états d'inconscience ??

- Combien Rafaël ??? Combien ?? M'écriai-je à bout. 

Et je ne me souviens pas d'avoir remarqué, pas une seule fois, sur son visage, le moindre indice d'une réaction de culpabilité, la moindre ombre d'un sentiment quelconque, la moindre trace de gêne ou d'embarras devant l'obligation de se comporter comme il se comportait. Rien ! Son visage au final ne reflétaient rien d'humain. Je lui répétais inlassablement "Je veux comprendre Rafaël..." et lui il me regardait tout éhonté prêt à me dresser un dossier bon pour l'asile ! Il m'a éloigné de mon grand-père, m'a imposé ses règles, ses volontés, son style de vie à lui, transgresser mon intimité, ma vie de femme, mon libre arbitre. Il s'est joué de cette dépendance occulte dont je faisais preuve à son égard, pour s'amuser à verbalement me menacer, qu'il partira, à faire tout un cinéma en faisant ses valises ; sachant que jamais, je n'aurais été capable de supporter ! Il m'avait livré à mon propre suicide. Quatre années de souffrance, de viols, de manipulations. Je laissai couler mes larmes, puis les séchai rageusement.
C'est comme s'il y avait un déclic dans ma tête. Je me voyais de l'extérieur. J'étais absolument anesthésiée au niveau émotionnel face à ses actions. Je ne ressentais plus rien. La haine que je m'étais mise à ressentir pour lui s'évapora, le mépris s'évanouit, pour faire place à l'au-delà de la haine, l'indifférence ...

.Antrav.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant