.Antrav.

.39.

.Nathann.

J'impatientais de connaître sa réponse. Ce baiser avait-il été suffisant? Aurais-je dû rester et insister davantage ? Avais-je bien fait de lui proposer cette collusion? Cela faisait à peine trente minutes que je revenais de son entreprise, et me voilà à tergiverser comme un sombre idiot.  Mon portable, se mit à vibrer. Ça devait être mon alarme pour ma réunion avec l'équipe de la Unicef. Je laissai sonner le smartphone, sous le regard interrogatoire de Gary, le caissier, de mon skateshops. Jamais, je ne manquais à mes obligations professionnelles, je pressai le pour et le contre, puis finalement me décidai à m'y rendre.

Quelques kilomètres plus tard, j'étais assis dans la salle de réunion. La voix des conférenciers me paraissait lointaine. Mes doigts pianotaient nerveusement mon impatience sur la surface vitrée de la table d'hémicycle. Impossible de rester concentré plus longtemps, j'exhalai doucement, me levai et sortie de la salle. Rentrer chez moi, était mille fois plus raisonnable. J'arpentai les rues bondées de Pétion-ville,  jusqu'à atterrir dans mon appartement. Je m'affalai sur le canapé, j'avais envie d'être dans le déni ! Ou était donc passé ce fameux Nathann qui clamait haut et fort l'optimisme ? J'en savais rien..

Je me levai, fis les cent pas, ouvris le téléviseur, l'éteignis, puis retournai m'asseoir sur le canapé, accueilli Franky sans bout entrain, commençai une partie de Dead island 2 avec, perdis une dizaine de fois sous le regard interrogatoire de mon ami.

- O que está acontecendo com você Nathann?  [ Qu'est ce qui t'arrive Nathann ?]

Son silence innocent me blessait profondément. Ça veut vraiment dire, qu'elle n'en avait pas envie ! À cette pensée, mes yeux me piquèrent, parce que j'avais envie de relâcher
cette boule énorme qui se grossissait dans ma gorge. C'était dur de lâcher prise; de ne pas se laisser ravager par les séquelles de son silence...

- Nathann ! Dribbla la voix de Franky

J'abandonnai vaguement la console de jeux en soupirant.

- É a mulher casada que te coloca nesse estado? [C'est la femme mariée qui te plonge dans cet état ?] Me demanda-t-il

- Ela me fascina, ela está cravada na minha cabeça, na minha pele... eu acho que a amo Franky! [ Elle me passionne, elle est incrustée dans ma tête, dans ma peau, je crois que je l'aime Franky ]

Je soupirai et me laissai aller sur le dossier du large sofa. Puis brusquement, des questions surgirent, du plus profond de ma conscience ! Qui me dit qu'elle avait envie de m'aimer, comme moi je le souhaitais ? J'avais bien vue, qu'elle n'avait de yeux que pour son époux...

- J'ai besoin de mon mari ! Garde tes distances ! M'avait-t-elle fait comprendre...

Et moi, bien évidemment, je revenais à la charge ! Parcequ'il était difficile pour moi de croire, que je me trompais sur ses yeux qui brillaient d'émotions quand on se fixaient, sur les frémissements de sa peau, l'ardeur de ses lèvres contre les miennes, et cette douceur qui l'enveloppait quand notre temps à nous deux s'arrêtaient. Ou peut-être, c'est tout simplement le cas.

- Tu sais quoi Franky? Je crois que je vais retourner quelques temps au Brésil ...

Il écarquilla des yeux.

- E porque ?

- C'est la première fois que je ressens cette tempête d'émotions dedans et mon cœur brûle, c'est en braise, et je me connais, je suis quelqu'un d'obstiné! Je voudrai la revoir, je ne résisterai pas à garder mes distances comme elle me l'a demandé...je ne  réussirai pas!

- Isso é claro! Fit-il d'un ton évident [ ça c'est clair]

- Et je me dois d'accepter ce qu'elle me demande . Oui c'est ça, je vais retourner au Brésil quelques temps ! Garder mes distances.

- Daqui a dois anos ?  é uma mulher que te afasta? [ En deux ans ? c'est une femme qui te fait déguerpir ]

- Je veux seulement la laisser tranquille ! Je deviens comme un fou après elle...

-Em tão pouco tempo?  Você só a viu ontem!![ En si peu de temps?  Tu ne la vu que hier!! ]

Je ris bêtement, et répondis rêveur.

- Non Franky, c'est la septième fois fois que je la revois, et je ne m'en lasse pas ! Mon cœur n'est pas con, il à succombé depuis le premier soir ou je l'ai vue dans les bras de son mari, à  l'amnésia...

- Oo ! Tande koze!

J'eus déjà l'envie de l'appeler, de l'écrire, de lui demander n'importe quoi en fait! Avait-elle regardé les nuages? Comment se portait-elle? J'adore ta tenue, non je ne sais pas ce que tu portes, mais si c'est toi qui le porte, elle te va comme un gant. Je ris amusé d'un air pensif! On parlerait de tout ça...

- Nathann ? Nathann! !

De rien, de n'importe quoi, qui maintiendrait une conversation entre elle et moi, ensuite notre souffle deviendrait court, et je murmurais son prénom...

- Soraya...Murmurai-je...

- Oo ! Apa misye fou ? [ Il se transforme en pokemon ou quoi]

Je la revoie qui appuie son menton sur sa main, son deep regard noir qui cache tant d'incertitudes, ses boucles qui encadrent parfaitement son visage, sa douceur, sa nullité en sport, son humour, son sourire,  le remarquai-t-elle quand elle était  pensive? Puta de vida ! Sa beauté silencieuse pourrait wow j'en sais rien! Je jetai un bref coup d'œil sur ma peau, j'avais la chaire de poule, des horripilations agréables. Je frémis, souris. Que loucura! C'était si bon de l'aimer...

- Nathann !

Je me ressaisis et me relevai du siège..

- Je vais dormir un peu Franky! Des demain je fais mes valises, direction Brésil, je pourrai pas résister, c'est plus fort que moi. Répétai-je la mort dans l'âme...

- E o seu trabalho ? [ Et ton travail ]

- Je demanderai un congé forcé . Répondis-je

- Et Dayina ?

- Je...j'en sais rien Franky ! J'en sais rien...

Franky m'observait abasourdi par mes propos ! Etais-je sérieux ? Se demandait-il ! Il l'exprima dans sa langue maternelle...

- Lé neg damou! Hmmm! Fit-il [ Les mecs amoureux! Hmm]

Le lendemain.

Je saisis le skateboard et enseignai à l'adolescent de seize ans comment sauter et retomber dessus sans perdre l'équilibre. Ses yeux furent impressionnés, et j'imaginais déjà la trombine de la prochaine fille qu'il essaiera d'ebahir avec ses talents ébaubissant d'amateurs. Il me fit un checkup et abandonna mon magasin, sa planche à roulette bien enfoui dans sa boîte toute neuve ! Avec l'élite Pétion-villoise, je n'avais aucun regret d'avoir ouvert mon skate shops. Ce que je risquais de regretter, c'était cette décision, que j'avais prise hier, j'hésitais encore pour acheter mon ticket ! J'étais traversé de thantophobia,  et je me dis qu'il faudrait que j'insiste davantage...Que je fasse un ultime essaie ! Un rendez-vous! C'est cela, je vais lui proposer un rendez-vous. Je récupérai mon smartphone, exhalai et accédai à notre page zoom de discussion. Tout juste que j'ouvris l'application, un texto d'elle me parvint directement.

💌 Baxorexia, só você e eu...

                      

Baxorexia : une envie irresistible d'embrasser quelqu'un

Thantophobia: la peur de perdre quelqu'un qu'on aime